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M. Wilson me demanda dans combien de temps, à monavis, cette division pourrait jouer ce rôle d’avant-gardedes armées américaines.
« Cette division, lui répondis-je, pourrait quitter lesÉtats-Unis presque immédiatement et compléter son en-traînement en France , dans l’espace d’un mois. Aprèscette période d’entraînement intense, elle pourrait prendreplace graduellement dans un secteur du front. C’est pos-sible, car c’est la méthode que nous avons employée pourles troupes russes débarquées en France . »
A l’appui de mon opinion, je fis remarquer au Présidentque la préparation à la guerre de tranchées était moinslongue pour la troupe et surtout pour les officiers que lapréparation à la guerre de mouvement, et qu’à conditionde constituer cette division avec des soldats réguliersdont l’éducation militaire était déjà faite, on était sûrd’obtenir de bons résultats ; on n’aurait plus qu’à leurenseigner les spécialités qu’exige la guerre de tranchéeset que nous pourrions leur apprendre facilement derrièrele front.
Nous abordâmes ensuite le problème des transports.Je soulignais l’avantage qu’il y aurait à amener les troupesaméricaines directement en France , sans leur faire faireescale en Angleterre , comme on l’avait d’abord envisagé.
Je lui fis remarquer également l’intérêt qu’il y auraità envoyer en France , en premier lieu, le général américainet son état-major, pour qu’il puisse à l’avance étudier lesfacilités de débarquement, reconnaître les camps d’ins-truction qui seraient mis à sa disposition, et plus tardle secteur du front qui serait confié à ses troupes.
Nous abordâmes alors la question du chef à donner àl’armée américaine. Bien entendu, je n’avais pas à influencerle choix que le gouvernement des États-Unis serait amenéà faire pour ce poste suprême. Je ne connaissais pas lesofficiers généraux américains et les eussé-je connus que jene me serais pas permis de citer des noms. Mais je tenaisà dire, par l’expérience que j’avais faite au cours de laguerre, combien ce choix était important, et j’affirmais