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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
que ce chef devait être désigné, non en fonction de sonancienneté, mais en raison de son aptitude à commanderune armée.
Après avoir examiné avec le Président quelques autresquestions de moindre importance, le Président me demandasi j’avais bien exposé toutes mes idées au secrétaire d’Ëtatà la Guerre. Je le rassurai sur ce point, en lui disant quej’avais eu plusieurs entretiens avec M. Baker et le généralScott, que les officiers de mon état-major et moi-mêmeavions eu des conférences répétées au War College, et quej’avais eu tout le loisir désirable pour exposer le pro-gramme que j’avais apporté avec moi.
En terminant, je dis au Président que, pendant latournée que j’allais faire dans différentes villes des Etats-Unis, je laisserais trois officiers à Washington pour tra-vailler en plein accord avec les officiers américains et,qu’avant mon départ, je m’arrêterais à nouveau àWashington pour achever de mettre sur pied avecM. Baker le projet de coopération de l’armée américaine.
Après avoir salué le Président, je me retirai. Notreconversation avait duré une heure. De cet entretien, jesortis avec l’impression que M. Wilson, que sa formationjuridique n’avait pas préparé à traiter des questions mili-taires, faisait un effort généreux pour se mettre au cou-rant de ces affaires qui prenaient une importance primor-diale ; il écoutait attentivement, ce qui n’est pas unequalité si courante que cela puisse paraître, et son intelli-gence le mettait à même d’embrasser les problèmes lesplus ardus.
J’acquis aussi la conviction que les projets dont jevenais de lui présenter les grandes lignes lui agréaient,et que rien dans ce que je lui avais dit n’avait choquéson patriotisme ou son bon sens.
Le lendemain de cette capitale visite, nous fûmes reçusà la Chambre des représentants . Ce fut la réédition de lascène d’enthousiasme que nous avions vécue au Sénat deux jours auparavant. Le speaker ne put placer uneparole. Sa voix fut aussitôt couverte par les cris de joie