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de l’assemblée et du public. Les députés défilèrent unà un devant nous en nous serrant la main. Quand ona assisté à de pareilles scènes, on ne saurait plus lesoublier.
Le soir nous partions pour Chicago . On m’avait ditque cette ville était, moins que les autres cités d’Amérique ,animée de sentiments favorables à la France . En fait,l’accueil que, le 4 mai, à notre arrivée nous y reçûmes futinouï ; toute la population se pressait sur notre passage,et les acclamations qui nous saluèrent roulaient en ton-nerre ininterrompu. A l’Auditorium, nous nous trouvâmesen présence d’une foule immense qui criait sa joie denous voir. Devant un pareil témoignage d’affection, lesmots sont impuissants à rendre les impressions qu’onéprouve.
Désormais, je sentais que la partie était gagnée : àWashington je m’étais mis tout de suite d’accord avec legouvernement et l’état-major, et j’étais entré en contactavec la population de la capitale de l’Union, qui comptaitdans ses rangs beaucoup de fonctionnaires. Maintenantje venais de voir vibrer devant mes yeux l’âme même dupeuple américain, et je ne crois pas qu’un homme dontla patrie est envahie, ait jamais assisté à un spectacleplus réconfortant que celui qu’il m’était donné de con-templer.
A Kansas City , le 6 mai, je reçus pour la première fois(ce beau geste s’est renouvelé dans d’autres villes), unetrès grosse somme destinée aux enfants dont les pèresétaient tombés pour la patrie, depuis le début de laguerre. Nul témoignage de sympathie ne pouvait m’émou-voir davantage, car il me rappelait mes soldats de la Marneet des Flandres, de Champagne et d’Artois, de Verdun etde la Somme, et de tous les coins du front qui y étaientmorts, et ceux qui, en ce moment même, mouraient auChemin-des-Dames.
Le 7 mai, nous étions à Saint-Louis, où la populationet son maire, M. Kiel, nous firent un accueil qui ne noussurprit plus après toutes les attentions dont nous avions