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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
cette leçon éclairer l’opinion publique et les décisions desgouvernements.
Une deuxième remarque s’impose. Il pourrait paraîtreétonnant que je n’aie pas, dès les premiers jours de laguerre de position, établi le programme d’ensemble, aulieu des demandes fragmentaires dont je ferai ici l’énu-mération d’ailleurs abrégée. A cela il est facile de répondre,d’une part, que les demandes du front croissaient avecles besoins que les opérations révélaient chaque jour, etd’autre part, sachant les difficultés que rencontrait le mi-nistre de la Guerre pour exécuter nos commandes, je neprogressais en quelque sorte que pas à pas, formulantmes demandes dans l’ordre d’urgence et ne les exprimantque dans la mesure où les précédentes étaient satisfaites.
I. — Matériel d’artillerie.
A) Matériel de 75. — Au début de la campagne, 1011 bat-teries de 75 furent mobilisées. Les armées possédaient, enoutre, comme canons de rechange, 200 canons. A l’in-térieur, il en restait 434, au titre des rechanges du tempsde paix et des batteries de champ de tir et de dépôt.
La dotation des armées de campagne en caissons était de16 174. On ne disposait comme rechanges que de 350 cais-sons affectés à l’instruction des dépôts et de 500 caissonsmodèle 90 T.
Les opérations du premier mois de la guerre, et surtoutla retraite qui précéda la bataille de la Marne, nous firentperdre une assez grande quantité de matériel, et au 10 sep-tembre 1914, le déficit s’élevait à : 401 canons et 750 cais-sons complets.
Le plan de mobilisation ne prévoyait la fabricationd’aucun canon ni d’aucun caisson, mais il avait été misen fabrication 155 canons de 75 modèle 1913, et 958 cais-sons de divers modèles pour reconstituer les disponibilitésde matériel qui avaient été absorbées par les nouvellesformations du plan XVII.