MATÉRIEL D’ARTILLERIE
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Les premiers échanges de vues entre le ministre de laGuerre et moi au sujet des fabrications de matériel de 75eurent lieu fin septembre 1914. La 3 e direction (artillerie)du ministère de la Guerre, se basant sur les délais de fabri-cation du temps de paix (un an d’usinage pour mettreun canon au point), estimait à ce moment que la reprisede la fabrication donnerait des résultats trop tardifs pourpouvoir être envisagée. Néanmoins, 40 batteries complètesfurent mises en commande. En outre, des éléments decanons (tubes, freins et affûts) en assez grand nombrefurent mis en commande à des dates échelonnées entrele 1 er octobre et le 14 novembre.
Pour essayer de combler, au moins partiellement, le dé-ficit j’obtins du ministre que 240 canons fussent prélevéssur les batteries de sortie de certaines places d’Algérie ; quelques pièces purent également être constituées aumoyen d’éléments de rechange envoyés aux armées. Malgréces mesures, qui ne pouvaient être que des palliatifs, ledéficit en canons de 75 était encore de 283.
En présence de l’impossibilité de combler ce déficit avantlongtemps, et aussi par suite de la pénurie de munitionsdont je parlerai plus loin, un certain nombre de batteriesde 75 furent momentanément armées avec des piècesde 90 et de 95, matériel d’ailleurs excellent, mais à tir lent.
Mais la situation ne tarda pas à empirer : la mise enservice d’obus fabriqués hâtivement par l’industrie privéedans les derniers jours de 1914, amena des éclatementsde pièces dont le nombre s’accrut dans une proportioninquiétante.
Au 10 avril 1915, le déficit s’élevait à 800 canons.
Aussi, dès le mois de février 1915 (1), je demandai auministre :
1° De mettre à ma disposition toutes les disponibilitésde l’intérieur et tout le matériel de commande;
2° De donner aux fabrications de matériel de 75 toute
(1) Lettres du 4/2/1915 n° 1228, du 17/2/1915 n° 5442 et du22/2 1915 n° 7447.