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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

La réponse du ministre (1) ne fut pas encourageante.Elle me faisait connaître que le programme des fabricationsen munitions de tous calibres que je lui avais adressé, attei-gnait, et même dépassait peut-être, la limite des moyens deproduction dont nous disposions, même en utilisant tous lesconcours possibles de létranger. Une partie notable descommandes, notamment celle des obus en acier et fonteaciérée de 155, navait pu être placée. Le ministre insistaitsur ce fait que le rendement en munitions dartillerie denos fabrications, en commande en France et à létranger,touchait au maximum possible. La limite quil indiquait(notamment 3 000 pour le 155, tant en acier quen fonteaciérée, qui ne serait réalisée quau 1 er avril 1915) devaitêtre tenue pour atteinte tant quun nouvel outillageexigeant plusieurs mois dinstallation naurait pas été misen œuvre. Le ministre me signalait, en outre, la pénuriedexplosifs pour le chargement des projectiles fabriqués.

Limportance de cette dépêche ministérielle mérite dêtresoulignée. Elle constituait, en effet, une fin de non-recevoiravant la lettre à toute demande ultérieure daugmenta-tion de production des munitions de gros calibre. Elle apesé pendant plusieurs mois sur mes décisions, car jesentais l'inutilité de renouveler des demandes vouéesdavance à linsuccès, tant que je naurais pas été avisédune modification dans les possibilités de notre industrie.Et le rendement des productions journalières pendant lesmois de mars et davril qui fut nettement inférieur auxprévisions, nétait pas de nature à modifier mon étatdesprit.

Le 3 mai 1915, comme je venais dapprendre la décisionprise récemment par le ministre de reconstituer le demi-approvisionnement des munitions de gros calibre du Gouver-nement militaire de Paris sur lequel javais toujours crupouvoir compter, je signalai (2) limminence de lépuisementdes stocks sur lesquels on vivait depuis le début de la

(1) Lettre n° 13164 du 7 février 1915.

(2) Lettre n° 5082 du 3 mai 1915.