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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J O F F R E
phosphore, je demandai qu’on arrêtât le chargement desbombes incendiaires qui donnaient des résultats déce-vants.
La fabrication des obus lacrymogènes resta longtempsen veilleuse, en raison des difficultés de fabrication desproduits et des essais peu concluants effectués jusqu’alorsavec le seul produit facilement obtenu (chloracétone ). Enrevanche, on arriva à réaliser le chargement d’un certainnombre d’obus à collongite, et, le 21 septembre, le sous-secrétaire d’État de l’artillerie me fit connaître qu’il venaitde donner l’ordre de charger chaque jour 15 000 obus« spéciaux ».
Au 30 septembre 1915, on avait mis à la dispositiondes armées :
100 000 obus de 75 au chloro-sulfure, peu efficaces, donton arrêta comme je viens de le dire la fabrication.
15 000 projectiles de 75 à la collongite, sans compterles obus incendiaires qui se montrèrent très peu efficaces.
L’obus toxique à base de « Vincennite » paraissait à cemoment au point, mais il subsistait des incertitudes sur lastabilité du produit, sur l’efficacité à en escompter dans destirs réels, et sur l’opportunité de s’en servir avant quel’ennemi se mit lui-même à utiliser ce que l’on est convenud’appeler « les grandes toxiques ».
Le 16 octobre (1), je demandai au ministre que des expé-riences fussent entreprises d’accord avec le G. Q. G. pourvérifier l’efficacité de la Vincennite et d’un produit incen-diaire dénommé « produit Jouve », de manière à ce qu’onfût fixé une fois pour toutes sur ces questions.
Le programme de ces expériences fut arrêté d’un communaccord. Elles eurent lieu à Mailly le 9 novembre, mais nefurent pas concluantes, les circonstances atmosphériquesayant été tout à fait contraires lors des tirs sur tranchées.Les éclatements au repos mirent au contraire en évidenceles effets très puissants de la Vincennite et de la collongitedans des organisations abritées, effets supérieurs à ceux
(1) Lettre n° 8955 du 16 octobre 1915.