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MÉMOIRES DU^MARÉCHAL JOFFRE
les phases préliminaires d’études et d’essais, et c’est,semble-t;il, à la hâte que l’on mit à faire aboutir ce problèmenouveau et difficile, que l’on dut de faire quelques faux pas,et que l’on crut trop tôt, à chaque nouveau type d’obusessayé, avoir trouvé la solution définitive. Il faut éga-lement noter que l’avance prise par les Allemands danscette question tenait essentiellement à deux causes :
L’industrie chimique allemande était une des pluspuissantes du monde, infiniment supérieure à la nôtre ;
La France , fidèle aux conventions qu’elle avait signées,n’avait jamais envisagé la possibilité d’utiliser ce procédé.Elle ne se lança dans cette voie, à son corps défendant,que pour répondre à armes égales aux engins que nosadversaires inaugurèrent sur notre front.
D) Munitions d'infanterie. — A la mobilisation, ilexistait : 1 338 000 000 de cartouches pour fusils ou mi-trailleuses, dont 366 000 000 dans les corps de troupes, lereste échelonné dans les parcs, ou entreposé dans les appro-visionnements des places fortes.
Le plan de fabrication de guerre prévoyait un rendementjournalier de 2 600 000 étuis et balles, qui devait être atteintau bout d’une période de démarrage de vingt-cinq jours.Au cours de la même période, grâce à l’existence d’uneréserve importante d’étuis et de balles, le rendement encartouches chargées devait s’élever progressivement auchiffre de 4 100 000. Puis au bout de trois mois environ, laréserve d’éléments étant épuisée, on ne chargerait pluspar jour que les 2 600 000 étuis et balles provenant de lafabrication.
C’est sur ces bases que la fabrication journalière descartouches s’éleva progressivement à 3 400 000. Ce rende-ment ne fut dépassé que beaucoup plus tard et seulementà la suite de l’extension des installations des cartoucheries.Le déficit de la production de la première période de guerre,par rapport aux prévisions du plan de mobilisation, doitêtre attribué à la perte de la cartoucherie de Douai quicessa de fonctionner le 15 août 1914, et à la désaffectation