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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFERE
Le 22 septembre 1914, le ministre m’offrit 22 500 gre-nades à fusil Martin-Halle achetées en Angleterre (1). Fautede mieux, j’adhérai à cette proposition (2). Et en octobreon passa une commande de 100 000 de ces dangereuxengins. Mais le 10 novembre, à la suite d’accidents ré-pétés, je dus en suspendre l’emploi dans les armées. Dansle courant du même mois, le ministre m’annonça (3) la miseen commande de 100 000 grenades Aasen (pouvant êtreindifféremment lancées à la main ou à l’aide d’un mortier)et de 200 mortiers.
Ces nouvelles grenades donnèrent de bons résultats dansle lancement à la main, mais se révélèrent défectueusesdans le tir au mortier. Une grenade Aasen spéciale pourle tir au mortier fut alors mise à l’essai.
Les études se poursuivirent de divers côtés, qui don-nèrent naissance à des engins variés, dont l’utilisationnous permit d’attendre la mise au point de grenades ré-pondant aux desiderata des combattants.
En février 1915, je demandai au ministre (4) de fairemettre en fabrication 100 000 grenades plates analoguesaux grenades à disque que les Allemands nous lançaient.Je demandai en même temps la mise en commande de100 000 grenades Besozzi. On vit aussi apparaître une gre-nade type Feuillette. La section technique du Génie (S. T. G.)établit deux types de grenades, l’un à temps, à allumeur sem-blable à celui de la grenade anglaise, modèle 1915 Fl, l’autreanalogue à la grenade plate allemande et doté d’un systèmed’amorçage à percussion, modèle dit 1915 PI. Le ministremit en commande 100 000 de ces dernières, en mai 1915.
La l ro armée avait de son côté mis en fabrication dansles usines de Foug une grenade fusante dite Citron-Foug.
Pendant ce temps, la grenade Besozzi atteignait unrendement de 4 000 par jour.
Le 26 juin, je demandai au ministre de faire augmenter
(1) Lettre n° 704-2/4 G. du 22 septembre 1914.
(2) Télégramme n° 6827 du 23 septembre 1914.
(3) Décision ministérielle du 23 novembre 1914, il 0 7531-2/4 G.
(4) Lettre n° 7565 du 23 février 1915,