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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J O F F R E
Le 12 septembre 1915, sur une demande pressante defusils, je proposai de céder immédiatement aux Russes80 000 fusils Kropatchek que nous avions en magasin.
Puis, nous leur cédâmes du matériel de 37, de 280, destubes de 105 usés aptes à être transformés en matérielrusse de 42 lignes (106 millimètres).
A la fin de décembre 1915, après la longue série de dé-sastres qu’elle avait essuyés, l’armée russe ne possédaitplus comme artillerie lourde que :
84 canons de 105,
389 canons de 120,
141 obusiers de 155.
Nous reçûmes à ce moment du général Gilinski (1), dé-taché de l’état-major général russe à mon quartier général,toute une série de demandes. J’adressai alors au ministredes propositions d’ensemble concernant à la fois les de-mandes anciennes et les nouvelles :
1° Cession de 60 canons de 120 L avec dotation initialede 30 000 coups et abonnement journalier de 300 coups;
2° Cession de 25 batteries de 90 à 6 pièces avec dota-tion initiale de 120 000 coups et approvisionnement men-suel de 50 000 coups à porter à 72 000 dès que notreproduction journalière aurait atteint 12 000;
3° Cession de 25 batteries de 75 à 4 pièces approvi-sionnées à 3 000 coups par pièce, à consentir dès quenotre programme de reconstitution des batteries de 75serait achevé.
On peut dire, sans crainte d’être démenti, que, sans l’aideque nous apportâmes ainsi aux Russes , jamais ceux-cin’auraient pu, en juin 1916, prendre l’offensive qui mitl’Autriche à un doigt de sa perte, et qui jeta sur les arméesdu tsar un dernier éclat de gloire:
spécialiser une poudrerie dans la fabrication des poudres destinéesà la Russie .
(1) Chef d’état-major de l’armée russe avant la guerre et au débutdes opérations. Venu en mission au grand quartier général françaisà l’automne 1915.