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nous marquâmes encore quelques progrès sur toute lapartie nord du champ de bataille : Carency et un quartierd’Ablain-Saint-Nazaire enlevés par le 33° corps, le plateaude Notre-Dame-de-Lorette et un système de tranchéesau nord de la Chapelle conquis par le 21°, Neuville-Saint-Vaast enlevé maison par maison par le 20 e . Mais cesprogrès accomplis laborieusement montraient que l’heurefavorable était passée et que l’ennemi s’était rétabli surla brèche.
Quant aux Anglais , leur attaque, lancée le 9 mai commela nôtre, réussit à s’emparer des premières tranchées alle-mandes sur le front d’une division, mais des contre-at-taques immédiates reprirent à nos braves alliés la ma-jeure partie de leur gain. Reprise dans l’après-midi, l’of-fensive anglaise fut partout arrêtée.
Dans cette âpre lutte de tranchées que nous menions,l’instant favorable pour cueillir une fructueuse victoire,était essentiellement fugitif. Au bout d’un petit nombred’heures, les réserves de l'ennemi affluaient, son systèmed’artillerie désorganisé s’asseyait sur une nouvelle ligne ;bien vite, les moyens s’égalisaient, et aussi les pertes.Dès le 9 mai au soir, je sentis qu’un brillant succès venaitde nous échapper. Néanmoins, tout en mesurant à savaleur l'effort que j’allais demander à nos braves troupes,je décidai que l’offensive continuerait sans arrêt jusqu’àla conquête de la crête Givenchy -Bailleul. Dans monesprit, il s’agissait de profiter du désarroi dans lequelles Allemands se trouvaient encore pour essayer d’élargirnos gains, et d’améliorer nos positions, mais surtout jevoulais apporter une aide matériel et morale immédiateà nos alliés russes fortement engagés au nord des Car-pathes, et qui commençaient dans la région de Tarnovune désastreuse retraite qui allait bientôt entraîner l’écrou-lement de tout leur front. Et puis, l’Italie était sur lepoint de se déclarer en notre faveur ; fallait-il à ce mo-ment donner à son opinion publique encore chancelantel’impression de notre impuissance?
Aussi, j’envisageai que l’attaque de la 10 e armée pour-