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avait d’autant plus de valeur à mes yeux, que déjà, dansmon esprit, je me proposais de confier au groupe desarmées du Centre l’exécution d’une grande offensive quise déclencherait au moment où je rallumerais la batailleen Artois (1).
Pour remplacer le général de Castelnau à la tête dela 2 e armée, je fis appel au général Pétain, qui venait derendre de signalés services à la tête du 33 e corps. Si onse rappelle qu’au début de la guerre, le général Pétain commandait depuis peu une brigade d’infanterie, on voitqu’en moins d’une année, il venait de gravir les échelonsles plus élevés de la hiérarchie. J’avais un instant songéà prendre auprès de moi le général Pétain, non commemajor général, mais comme adjoint. C’était en sommel’idée que j’avais émise en septembre 1914, quand j’avaisdemandé au Gouvernement le général Foch comme « adlatus. » Je pensais que le général Pétain, avec sa profondeconnaissance de l’infanterie, son sens très exact des réa-lités, me rendrait de grands services en travaillant auprèsde moi (2). Cependant après avoir mûrement réfléchi, jerenonçai à ce projet, et confiai au général Pétain l’une desarmées qui allaient opérer en Champagne.
J’ai dit que la principale leçon que j’avais retirée dela bataille d’Artois qui venait de finir, était l’utilité qu’ily avait à entreprendre des actions simultanées de plusieursarmées pour empêcher l’ennemi de déplacer ses réserves,et l’obliger à accepter la bataille avec des moyens limités,là où nous voulions la lui imposer.
Le nombre des grandes unités à ma disposition allaitconstamment en croissant ;
L’amélioration des organisations défensives et l’atti-tude passive adoptée par l’adversaire sur la plus grandepartie de notre front permettraient de réduire de plus enplus les effectifs immobilisés en première ligne ;
(1) Instruction personnelle et secrète n° 5415 du 14 juin 1915.
(2) Voir dossier strictement personnel du général commandant enchef, t. II, cahier 3, pièce 3.