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2 (1932)
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85
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LES OPÉRATIONS EN 1915

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Cette lettre mérite quon sy arrête un instant. French,à ne considérer que les textes officiels et les déclarationstrès catégoriques de son gouvernement, était mon égal,et il ne dépendait que de son gouvernement. Dans la lettredont je viens de citer un extrait, on voit quil avait fait unplan qui ne rentrait pas dans mes vues. A ma demande,il renonçait à ce plan pour se plier au mien, et, par une dis-cipline du cœur et de lesprit remplaçant tous les pro-tocoles, il inclinait sa volonté devant les désirs expriméspar moi « en tant que généralissime ». Jaurai à plusieursreprises à métendre, dans la suite de ces Souvenirs, surVabsence de commandement suprême dans notre camp, quiétait une des sources majeures de nos faiblesses. Mais jesuis heureux de pouvoir témoigner ici, combien lattitudedu commandant en chef anglais et plus tard celle desir Douglas Haig atténuèrent dans la mesure du possiblecette grave lacune par lautorité que, galamment, ils mereconnurent.

Cependant, les nouvelles de Russie nous faisaient sentirlurgence de déclancher notre offensive. Les armées dutsar évacuaient progressivement la Pologne ; le 5 août,les Allemands entraient à Varsovie , le 19 à Novo-Georgievsk,le 20 à Bialistock. Trois nouvelles divisions allemandesétaient enlevées de notre front et transportées sur lethéâtre oriental. M. Paléologue, ambassadeur de France àPetrograd, envoyait à Paris des télégrammes qui tradui-saient létat dâme de nos alliés. Le 14 août, M. Millerand,ministre de la Guerre, me faisait téléphoner un de cesrapports, dont voici quelques passages :

Voilà trois mois en effet que larmée russe poursuit sonmouvement de retraite en combattant chaque jour au prix desacrifices effroyables.

Tous les officiers qui reviennent du front affirment quon nepeut imaginer lhorreur de cette lutte quotidienne lartil-lerie est sans munitions, et la moitié de linfanterie sans fusils.

Aussi notre offensive est-elle attendue avec une impatienceextrême.