88
j’avais toujours sa confiance entière, et ils ne firent paschanger ma conviction de l’utilité d’allumer au plus tôtla bataille prochaine.
Dès le 19 août, je fixai au 8 septembre la date de l’offen-sive. Mais le général Pétain , appuyé par le général de Castel-nau, me fit connaître à plusieurs reprises qu’un délai luiétait indispensable. La date de l’attaque fut remise d’abordau 15 puis définitivement au 25. Je n’accordai ces délaisnouveaux qu’à contre-cœur, car je ne voyais pas sans in-quiétude s’avancer la mauvaise saison et ma pensée nequittait pas les Russes dont la retraite se poursuivait dansd’effroyables conditions.
Le 23 septembre, je lançai aux armées l’ordre généraln° 43 :
« Soldats de la République,
« Après des mois d’attente qui nous ont permis d’aug-menter nos forces et nos ressources, tandis que l’adversaireusait les siennes, l’heure est venue d’attaquer pour vaincreet pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de laMarne, des Flandres, des Vosges et d’Arras .
« Derrière l’ouragan de fer et de feu déchaîné, grâce aulabeur des usines de France , où vos frères ont, nuit etjour, travaillé pour nous, vous irez à l’assaut tous ensemble,sur tout le front, en étroite union avec les armées de nosalliés.
« Votre élan sera irrésistible.
« Il vous portera d’un premier effort jusqu’aux batte-ries de l’adversaire, au delà des lignes fortifiées qu’il vousoppose.
« Vous ne lui laisserez ni trêve ni repos jusqu’à l’achève-ment de la victoire.
« Allez-y de plein cœur pour la délivrance du sol de laPatrie, peur le triomphe du Droit et de la Liberté.
« J. J offre. »
La préparation d’artillerie commença le 22 septembre ;le bombardement à grande distance des bivouacs ou can-tonnements et des bifurcations de voie ferrée le 24.