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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
râlement à contre-pente, couvertes de solides réseaux,n’avaient pu être désorganisées pendant la préparation enraison de la distance et des difficultés d’observation. Ordrefut donc donné par le général de Castelnau, de rechercherla rupture de cette ligne sur le front Butte de Tahure-route de Saint-Souplet, par une action d’ensemble bienpréparée et méthodiquement menée.
Le 28, dans la soirée, nous parvenions à prendre pieddans un élément de la deuxième position, à la tranchéedes Tantes (1), qui fut même légèrement dépassée. Cetévénement aussitôt signalé au général de Yillaret, comman-dant le 7 e corps, celui-ci résolut de l’exploiter en dirigeantsur la brèche qui venait de s’ouvrir, toutes les troupesqu’il avait sous la main. Le premier régiment arrivé, le402°, fut lancé en pleine nuit, le 29 à 3 heures du matin,sous une pluie torrentielle, sur un terrain inconnu. Sonaction ne put être concertée avec celle des unités voisines.A l’aube, il fut cerné par les Allemands qui contre-atta-quèrent sur les deux flancs de la brèche. Il devenait né-cessaire de reprendre une préparation d’artillerie sur l’en-semble du front d’attaque, de façon à ouvrir la porte ànotre infanterie sur une plus grande étendue. Il fallaitaussi remettre de l’ordre dans les unités, amener des troupesfraîches et retirer les plus fatiguées. Toutes ces raisons im-périeuses obligeaient à marquer un temps d’arrêt.
Dès le 25, j’avais mis à la disposition du général de Cas-telnau de nouvelles unités : dix divisions nouvelles furentacheminées vers la Champagne entre le 25 septembre et le5 octobre. Après retrait des troupes fatiguées, il y avait ainsitrente-cinq divisions à la disposition du général de Castel-nau : dix-sept à la 2 e armée, dix-huit à la 4 e
La nouvelle attaque eut lieu le 6 octobre. Les tirailleursmarocains enlevèrent sans coup férir la tranchée des Van-dales à l’ouest de la ferme de Navarin, qu’ils dépassèrentd’un kilomètre, mais sur laquelle ils finirent par être refoulés.Une division du 2 e corps enleva le village et la Butte de
(1) Deux mille mètres ouest de la ferme de Navarin.