L’EXPÉDITION DES DARDANELLES 101
d’un corps de réserves. Lord Kitchner désigna à cet effetle corps australien et néo-zélandais (à deux divisions)qui stationnait, à ce moment, en Égypte . Le 10 mars, ildécida également d’envoyer en Méditerranée orientalela 29 e division (1). Quelques jours auparavant, l’Amirautéavait préparé l’embarquement à destination de Lemnos de la « Royal Naval Division ». A la tête de ces forces, legouvernement britannique plaça, le 13 mars 1915, le gé-néral sir J an Hamilton.
De son côté, le gouvernement français, résolu à parti-ciper aux opérations de terre comme il avait accepté decoopérer à l’action navale, avait prévu l’envoi en Orientd’une division d’infanterie. Cette décision de principe ayantété prise le 22 février, le ministre de la Guerre me pres-sentit à ce sujet. Je répondis qu’il m’était impossible deconsentir à prélever cette unité sur les troupes que jecommandais. C’était le moment où je menais en Cham-pagne une bataille qui exigeait toute mon attention etqui absorbait toutes mes ressources. Si elle échouait, jeprévoyais la nécessité d’entreprendre sans tarder d’autresopérations. L’affaire des Dardanelles, juste dans son prin-cipe, me paraissait, pour le peu que j’en savais, montée surdes bases incertaines. Mon expérience des choses colonialesme faisait redouter de nous voir nous engager dans uneaventure modeste à l’origine, mais qui risquait de nousentraîner beaucoup plus loin que nous ne le voudrions.Devant mon refus, le ministre de la Guerre donna ordreà l’état-major de l’armée de constituer cette division aumoyen d’éléments prélevés sur les dépôts. Le 13 mars,cette division fut renforcée par une deuxième. L’ensembledu corps expéditionnaire français fut placé sous les ordresdu général d’Amade.
Pendant que s’organisait cette armée, s’élevant au totalà 70 000 hommes, l’escadre franco-britannique livrait, le