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jours en face de quelques compagnies d’infanterie. Mais,pour des raisons dont je n’ai pas à parler ici, nos alliéslaissèrent aux Turcs le temps de ramener en hâte desforces qui bloquèrent les troupes anglaises à une courtedistance du rivage.
La solution française, elle, consistait à débarquer surla côte d’Asie des troupes dont la progression aurait eupour double résultat de décongestionner le front de Galli-poli et d’occuper les emplacements d’où les canons turcstiraient sur la côte d’Europe . Mais, pour cette opération,il fallait des troupes nouvelles. Le ministre n’ayant plusà sa disposition aucune force organisée pour entreprendrecette diversion indispensable, il devenait nécessaire de faireappel aux ressources des armées du Nord-Est.
C’est dans ces conditions que, pour la deuxième fois,je fus sollicité d’intervenir dans les affaires d’Orient.
Mandé à Paris , le 29 juillet 1915, par le ministre etmis au courant de la situation, j’exposai mon point devue et je le confirmai par une lettre du même jour.
Mon opinion se résumait ainsi :
L’action en cours dans la presqu’île de Gallipoli nedevait pas être abandonnée, mais il fallait la mener avectous les moyens nécessaires pour la conduire définitive-ment au succès en prenant soin de ne pas compromettrela situation en France par des prélèvements inopportuns.Or, en cette fin de juillet 1915, ces prélèvements me pa-raissaient impossibles. Il en serait autrement en septembre,à l’issue de la bataille que j’allai entamer en Champagne et en Artois. Ce délai me paraissait d’ailleurs nécessairepour établir un plan précis d’une opération sur Constan-tinople, et pour la préparer. Le défaut de plan d’ensemble,le déséquilibre évident entre le but qu’on se proposaitet les moyens qu’on avait mis en oeuvre, étaient de touteévidence à la base de nos échecs en Orient. En conséquence,je proposai de faire établir un plan d’opération rationnel,et, dans ce but, d’envoyer d’urgence un officier de monétat-major aux Dardanelles pour prendre contact avecles exécutants et se documenter.