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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

Mes propositions ne furent pas admises. Le gouverne-ment estimait quil fallait entamer durgence lopération,sur la côte dAsie. Le général Sarrail venait de quitterle commandement de la 3 e armée dans les conditions queje vais dire. Le gouvernement était, pour des raisonspolitiques, très embarrassé de la disgrâce du général. Ondécida de lui donner le commandement du corps expédi-tionnaire dOrient.

Cest le lieu, avant de poursuivre le récit de mes inter-ventions dans les affaires dOrient, douvrir une paren-thèse et de parler du général Sarrail.

Quand éclata la guerre, il commandait depuis peu le6 e corps darmée, à la tête duquel il prit part brillammentaux opérations du mois daoût 1914. Le 30 août, je luiconfiai le commandement de la 3 e armée en remplacementdu général Ruffey. Jai dit, dans le récit que jai faitde la bataille de la Marne , que le général Sarrail ne compritpas exactement mes intentions au cours des opérationsqui se déroulèrent du 5 au 12 septembre. Jinsistai àplusieurs reprises pour que son armée travaillât au profitde la 4 e armée, tandis quil paraissait plus préoccupé dusouci de maintenir sa liaison avec la place de Verdun,qui était parfaitement de taille à se défendre toute seule.Néanmoins, il se tira à son honneur de la situation diffi-cile dans laquelle il se trouva un moment, menacé àrevers par le V e corps allemand , tandis quil était fortementpressé de front par larmée du Kronprinz allemand . Aussi,bien quil ait manqué de vigueur dans la poursuite quandlennemi se déroba devant lui, je lui adressai, le 17 sep-tembre, lexpression de ma satisfaction. Ces compliments,je les renouvelai le 1 er octobre, à la suite des opérations quivenaient de se dérouler en Woëvre, ce qui montre que jene lui gardais pas rancune de léchec que les Allemandsvenaient de lui infliger en lui enlevant Saint-Mihiel .

Mais aussitôt que le front se fut stabilisé, les préoccu-pations dordre militaire qui avaient jusque- suffi àaccaparer lactivité du général Sarrail firent place à despréoccupations politiques et personnelles. Il accueillait tous