1. AFFAIRE SARRAU.
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les parlementaires qui passaient dans le voisinage, et enparticulier M. Doumer, dont j’ai dit les propos malveil-lant qu’il colportait sur moi (1).
Une lettre que je reçus en décembre 1914, du généralFoch(2), donne une idée des préoccupations qui dominaientl’esprit du général Sarrail :
Mon Général,
Cassel, 3 décembre 1914.
A la 3 e armée, il y a un député officier de réserve qui, allantparler d’affaires militaires avec le général Sarrail, reste àdéjeuner avec lui. Au lieu d’affaires militaires, dit le députéle général ne me parle que de politique, et quelle politique 1
Oui, nous marchons à la dictature, dit le général. Quand lesAllemands céderont, le général Joffre sera nommé maréchalet passera la main au maréchal Foch. Avec lui c’est le retourdu césarisme, c’est la fin de la République . Vous allez alier àParis , à la réunion du Parlement. Ne revenez pas, il faut yrester ; il faut que la Chambre reste en fonction et veille pourempêcher le coup d'Etat...
Je vous communique cette information très positive pourne rien vous laisser ignorer de ce que je sais.
...Croyez, mon général, à mon bien attaché respect.
Foch.
(1) Le général Sarrail ne parait avoir fait d’exception que pourM. Charles Humbert.
Le 28 mars 1915, le commandant de la 3 e armée m’écrivit la lettresuivante (a) :
« J’ai l'honneur de vous rendre compte que M. Charles Humbert,sénateur de la Meuse, se rendant à Verdun , a été rencontré par moice matin dans la rue principale de Sainte-Menehould. Je l’ai invitéà quitter immédiatement la ville, et j’ai ajouté que s’il ne se rendaitpas à cette invitation je me verrais dans la nécessité de le faireexpulser.
« M. le sénateur Humbert n’a pas insisté, et peu de temps aprèsil quittait Sainte-Menehould.
(a) Dossier strictement personnel du général commandant enchef, t. I, cahier 2, pièce 63.
(2) Dossier strictement personnel du général commandant enchef, t. I, cahier 2, pièce 16.