L AFFAIRE SARRAIL
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persistants. Et le jour même, je lui adressai la lettresuivante (1), strictement personnelle :
Le général commandant en chef à Monsieur le général Dubail ,commandant le groupe des armées de VEst (personnelle).
16 juillet 1915.
Par lettre en date de ce jour, je vous demande d’examinerde très près les conditions dans lesquelles se sont dérouléesles actions récentes en Argonne, afin de déterminer les causesde nos insuccès persistants.
Mais je me demande si la question n’est pas actuellementplus haute et s’il règne à la 3 e armée l’atmosphère moralenécessaire pour que puissent s’épanouir, sans arrière-pensée,toutes les énergies, toutes les initiatives, tous les dévouementsnécessaires à la guerre.
L’affaire est grave et vaut d’être étudiée avecle plus grand soin.
Le général Sarrail, que j’ai nommé au commandement dela 3 e armée dans des circonstances critiques, a donné à plu-sieurs reprises, depuis le commencement de la campagne, despreuves indéniables de caractère, de vigueur et d’énergieauxquelles j’ai eu plaisir à rendre hommage, notamment avantet pendant la bataille de la Marne .
Toutefois, depuis le mois de septembre dernier, la 3 e arméea subi les initiatives d’un adversaire qui ne lui est pas supé-rieur en nombre. Ses attaques et ses contre-attaques n’ontjamais été poussées à fond. Elles ont toujours donné l’impres-sion d’une préparation et d’une organisation incomplètescomme d’une action insuffisante du commandement. Jamaison n’a tenté une concentration de forces et de moyens commel’ont constamment fait les Allemands en face de nous. Les pro-jets établis par l’état-major ne sont généralement pas appro-fondis. Nous en avons un exemple récent dans l’étude quevous m’avez transmise et relative à une attaque sur Mont-médy. Les comptes rendus manquent toujours de précisionet parfois d’exactitude.
Le général Sarrail s’est plaint à mon agent de liaison qu’on
(1) Dossier strictement personnel du général commandant enchef, t. II, cahier 3, pièce 5.