l’affaire sarrail
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sion transportée en chemin de fer : c’est le sens de la réponsequi a été faite dès le 30 juin par le chef d’état-major de la3 e armée à mon chef d’état-major au sujet de l’intervention decette brigade. L’argument n’est pas très exact, car, transportéeen autos, cette brigade eût été bien plus rapidement dispo-nible que la l re brigade du général Riperpray.
Mais il y avait en tout cas, dans la vallée de la Biesme, enamont de la Ghalade, une brigade de la 125 e division qui auraitpu donner au 32 e corps un renfort immédiat, et tout au moinsgarnir la ligne de la Biesme. Il appartenait au général comman-dant la 3 e armée de mettre la main sur cette brigade et del’amener en arrière du 32 e corps.
Le général Sarrail ne l’a pas fait, parce que, dit-il, les troupessont entièrement réparties par secteurs, dans lesquels les élé-ments en deuxième ligne sont destinés aux relèves et ne sontpas, à proprement parler, des réserves. Il base cette concep-tion sur la nécessité de limiter l’usure des troupes et de n’uti-liser les troupes que dans les secteurs qu’elles connaissent.
Poussée à ce degré, cette théorie est inadmissible : assuré-ment, elle cherche à réagir contre les errements suivis du32 e corps auxquels le général Sarrail reproche un mélange tropfréquent des unités, et une usure trop rapide due à des alertesincessantes des troupes mises au repos. Mais elle aboutit àl’impuissance radicale du commandement, qui se borne àdécouper des tranches parallèles, en considérant leur séparationcomme des cloisons infranchissables. A coup sûr, les réservesd’armées, comme les autres, peuvent participer aux relèves— assurément, elles ne doivent pas être alertées à la moindreaffaire, — mais elles doivent exister et être portées au pointutile dès qu’il y a réellement bataille. Cette application desréserves est l’œuvre du commandant de l’armée : il n’est pasdouteux qu’elle ait fait défaut le 30 juin. Le commandementde l’armée ne s’est pas exercé à ce point de vue essentiel.
Le général commandant la 3 e armée déclare par contre que« son infanterie n’a pu être sérieusement appuyée par l’artil-lerie, car à cette date le 32 e C. A. n’avait que 298 coups parpièce de 75 ». Cet argument est absolument inexact, en ce quiconcerne les approvisionnements de 75. En effet, d’après sespropres états, la 3 e armée disposait, le 30 au matin, de87 000 coups de 75 pour 263 pièces. En supposant les autrescorps d’armée dotés au maximum comme le 32 e corps (etil n’y avait évidemment aucune raison pour que les autres