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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
coips fussent avantagés au détriment du 32 e ), il restait commeréserve d’armée, au minimum, 9 000 coups; et cette réserveappliquée immédiatement au 32 e corps d’armée élevait sadotation initiale à plus de 430 coups par pièce. Or, le généralcommandant la 3° armée a pu prendre immédiatement cettedécision puisque, avant 9 heures, le 30 juin, il était avisé parmoi de l’envoi de trois nouveaux lots (télégramme 3384 du30 juin, 9 heures, précédé d’un coup de téléphone), augmentésde six autres lots le même jour (télégramme 2403 du 30 juin,21 h. 40). Le chef d’état-major de la 3 e armée, qui a été encou-ragé à ne pas restreindre ses demandes, m’a d’ailleurs déclarédepuis, à deux reprises, n’avoir jamais manqué de munitionsde 75. Les munitions lourdes lui ont également été largementaccordées. L’argument visé ci-dessus m’étonne donc par son peude fondement.
II. — L’attaque allemande du 13 juillet. — Le rôledu général commandant la 3 e armée le 13 juillet a été toutdifférent. Averti de l’imminence de l’attaque, sans mêmeprendre le temps de me demander la libre disposition de labrigade du 5 e corps en réserve de groupe d’armées, il la faittransporter en autos et la donne au général commandantle 45 e corps. L’intervention de cette brigade fut décisive etpermit de rétablir la situation. L’attaque allemande étaitenrayée sans que l’offensive prévue pour le 14 soit compro-mise ou même affaiblie. J’ai approuvé pleinement le rôle dugénéral commandant la 3 e armée, en cette circonstance.
III. — L’attaque française du 14 juillet.
A) Conception de la manœuvre. — Commandement. — Pourriposter à l’attaque allemande du 30 juin, deux manœuvresdifférentes pouvaient être exécutées : une action convergentesur la région du Four de Paris , exécutée par les 5 e et 32 e corpsplus ou moins renforcés, qui eût été facilitée par les tirs d’enfi-lade de la plupart des batteries de ces corps, — une actiondébordante à l’ouest de l’Argonne, qui permettait en cas desuccès de prendre à revers les positions allemandes.
Le général commandant la 3 e armée écarta la première solu-tion comme devant se traduire par un combat de bois où il necroyait pas que l’artillerie pût préparer suffisamment l’attaqueet que l’infériorité de nos autres moyens matériels nous permîtde prendre l’avantage. Il s’arrêta donc à la deuxième.