l'affaire sarrau.
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thelol dont l’optimisme et l’intelligence ne pouvaient qu’êtresalutaires à ces troupes trop longtemps tenues sous pression.
Je ferme ici cette parenthèse qui pourrait, aux yeuxd’un lecteur non averti, passer pour un hors-d’œuvre.
Si je me suis étendu si longuement sur les causes quim’amenèrent à retirer son commandement au général Sar-rail, c’est d’abord que ce dernier possédait dans les milieuxpolitiques des amis qui se démenèrent aussitôt en criantà l’injustice. On voulait ne voir dans la mesure prisecontre lui que la satisfaction de rancîmes. J’ai déjà assezparlé du cas de conscience qui se présentait à moi chaquefois que j’étais obligé de remettre à la disposition duministre un général dont les services étaient respectables.Ennemi de toute polémique comme je l’ai toujours été, etcomme je le suis resté, je me contente de montrer ici,en reproduisant in extenso les rapports du général Dubail,que la mesure qui frappa le général Sarrail fut prise uni-quement pour des raisons militaires, et après m’être en-touré des avis longuement motivés d’un chef dont la droi-ture et la liberté de jugement n’ont jamais pu être soup-çonnées.
Mais à l’époque, il n’était pas possible de publier lesraisons qui avaient déterminé ma décision. Le ministrese trouva assez embarrassé des réclamations dont il futaussitôt assailli par les amis du général Sarrail.
J’ai dit qu’à ce moment l’affaire des Dardanelles étaitarrivée à un point mort, et que le gouvernement avaitdécidé de constituer une armée qui serait chargée d’opérerpar la côte asiatique du Détroit. Le chef de cette futurearmée n’était pas désigné. Sans chercher à approfondirles raisons pour lesquelles j’avais retiré son commande-ment au général Sarrail, et moins curieux encore de serendre compte s’il avait les qualités requises pour remplirune mission aussi délicate, le gouvernement, désireux avanttout de se débarrasser d’un cas encombrant, désigna cedernier comme commandant de l’armée d’Orient. Pour moncompte je n’avais rien à dire — l’armée d’Orient n’étant