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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
pas sous mes ordres — et je ne dis rien. Mais on verra parla suite de ce récit que cette décision gouvernementaleallait avoir des conséquences fâcheuses pour tout le monde,mais avant tout pour le succès des opérations de cette armée.
Aussitôt nommé, le général Sarrail installa son quartiergénéral à Paris , dans le lycée Victor-Duruy qu’avaitdéjà utilisé le général Gallieni pendant la bataille de laMarne, et il se mit sans tarder à étudier les opérationsqu’il aurait à entreprendre.
Cependant, les consultations que me demandait le gou-vernement se multipliaient.
A la séance du Conseil des ministres, tenue le 31 juil-ler 1915, le président de la République me demanda s’ilétait possible, dans l’état actuel de notre situation mili-taire, de réserver immédiatement un certain nombre dedivisions des armées du Nord-Est pour une action auxDardanelles .
Je répondis le 3 août à cette question en indiquant queles Allemands pouvaient prochainement ramener en France d’importants effectifs, et que les opérations qu’ils pour-suivaient en Pologne nous faisaient pour un temps limité,sur le front occidental, une situation très favorable dont ilfallait profiter. Dans ces conditions, une action en Orient nedevrait être envisagée que dans un délai de six semainesau minimum, délai nécessaire d’autre part pour réaliser,d’accord avec nos alliés, l’établissement d’un plan et, pourmener à bien la préparation d’une opération qui présentaittoutes les caractéristiques d’une entreprise coloniale degrande envergure.
Le 28 août, au cours d’une conférence tenue à l’Élysée ,la question me fut de nouveau soumise. J’y acquiesçai enprincipe au prélèvement sur mes armées à partir du 22 sep-tembre des quatre divisions que le général Sarrail jugeaitnécessaires à la réussite de son opération sur la côte d’Asie .
Mais au reçu d’une note en date du 24 août, établie parle général Sarrail, je constatai que le plan de ce derniern’était pas arrêté , qu’on n’avait pas déterminé le nombre de