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« La retraite des armées russes a impressionné nos autresalliés.
« L’armée serbe , sous divers prétextes, reste dans l’inac-tion. Le commandement des armées italiennes, craignantde ne pas être appuyé par les Serbes, passe à son tour del’offensive à la défensive. En Angleterre , lord Kitcheneret une partie du gouvernement préconisent l’adoption d’uneattitude purement expectante.
« Ces tendances, si elles se confirment, peuvent avoirpour la coalisation des résultats très fâcheux. Il est in-dispensable de réagir énergiquement contre elles.
« Au lieu de démontrer théoriquement la nécessité d’unedirection de la coalition, ne vaut-il pas mieux donner dèsmaintenant l’impulsion directive? Il y a urgence. Chaquesemaine qui s’écoule augmente les dangers de l’isolementdes Russes et facilite la manœuvre ultérieure des Austro-Allemands... »
Et après avoir affirmé qu’une action diplomatique étaitinopérante, qu’elle pouvait aider notre action sur les com-mandants en chef des armées alliées mais non se substituerà elle, après avoir admis qu’une réunion générale des com-mandants en chef ou de leurs représentants serait longueà organiser, et inutile en soi, je proposais de profiter duprochain voyage de lord Kitchener en France pour appeleren même temps un représentant autorisé du commande-ment italien et peut-être le général Cadorna lui-même,et étudier dans une conférence le meilleur moyen de portersecours à la Russie et d’interrompre le cours des victoiresallemandes sur notre allié oriental.
C’est sous ces auspices que fut tenue à Chantilly la con-férence interalliée du 7 juillet 1915, qui constituait le pre-mier effort véritable pour réaliser une action concordantedes puissances de la coalition.
M. Millerand la présida et il me donna la parole pour enexposer le but.
J’exprimai d’abord mon idée directive : la décision dela guerre ne peut être obtenue et ne doit être recherchée