l’expédition DE S A LO NI Q IJ E
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La Russie ne jugea pas possible d’obtenir le concoursde la Roumanie , ni même de faire pression sur elle pourobtenir le libre passage à travers le territoire roumain d’une armée qu’elle avait réunie dans la région d’Odessa.
Quant à l’Italie , malgré l’adhésion de principe du généralCadorna , elle ne consentit à l’envoi d’aucune troupe à Salo-nique, et elle se borna à envoyer une division pour tenirDurazzo et renforcer l’occupation de Valona. Elle laissaentendre que les divergences entre la France et l’Angle-terre semblaient exclure un plan d’ensemble auquel elleaurait pu se rallier.
Comme on vient de le voir, j’avais une peine énorme àcoordonner les efforts généraux de la coalition. Mais parune situation des plus paradoxales qu’on puisse imaginer,je n’avais aucune action directe sur la conduite des opé-rations qui s’ouvraient si péniblement dans les Balkans .Pour en juger il me suffira d’indiquer de quelle manièrefonctionnaient les rouages du commandement interallié àSalonique .
Le général Sarrail, commandant en chef de l’arméed’Orient, ne dépendait pas de moi. Il relevait directementdu ministre et n’agissait que par voie de suggestions ou deconseils auprès du gouvernement.
Quant au général Mahon, commandant de la 10 e divi-sion britannique (1) qui représentait à Salonique le com-mandement allié au début de novembre 1915, il dc«pen-dait du général Monro commandant l’armée alliée desDardanelles, qui correspondait lui-même avec le WarOffice (2).
On voit d’ici la complication de cette extravaganteorganisation.
Malgré les rebutantes difficultés auxquelles je me heur-tais de ce fait, je considérais comme un devoir de ne pas
(1 ) La 10 e division avait été relevée de Su via et envoyée à Salo-nique. Elle n’était considérée par le War Office que comme un déta-chement de l’armée des Dardanelles.
(2) Le général Monro venait de remplacer le général Hamiltonaux Dardanelles.