l’expédition DE SA.LON1QUE
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tenter de se rejeter sur Monastir , décidait de se repliersur la côte de l’Adriatique . Cette affreuse retraite, à traversun pays désolé et sans route, entraîna la perte de toutel’artillerie et des convois de l’armée qui arriva exténuée,mourant de faim, décimée par le typhus, à Saint-Jean-de-Medua et Durazzo où nous la recueillîmes.
Aussitôt averti de la décision de l’état-major serbe, legénéral Sarrail, qui avait dans la première quinzaine denovembre tenté de prendre l’offensive au nord du confluentde la Cerna et du Vardar, s’était remis sur la défensive.Puis, le 1 er décembre, il entamait sa retraite vers la fron-tière grecque qu’il atteignait sans trop de dommages le12 décembre.
' Pendant ce temps, la Grèce entraînée par son roi évo-luait rapidement de la neutralité malveillante vers unehostilité à peine déguisée. Le 5 novembre, le successeurde Venizelos, M. Zaïmis, qui conservait encore quelquesformes correctes avec nous, tombait à son tour. Skouloudis qui prit le pouvoir, crut qu’il pouvait tout se permettreavec l’Entente dont la défaite ne faisait plus de douteà ses yeux. Le 9, il fit connaître à M. Guillemin, ministre deFrance à Athènes, que le gouvernement hellénique étaitdécidé à désarmer et à interner toutes les troupes serbes,françaises et anglaises qui pénétreraient sur le territoiregrec.
La menace était grave : neuf divisions helléniques ache-vaient de se concentrer ; cinq dans la région de Salonique, trois à l’est de la Strouma, une à Florina.
Pour écarter ce danger que j’avais prévu, il n’y avaitqu’une solution : la force. Le gouvernement français lecomprit, celui de Londres après’ une courte hésitation s’yrangea.
Le 23 novembre, une note était présentée au gouverne-ment grec. Elle réclamait de lui une politique de neutra-lité bienveillante telle que la promesse en avait été faiteplusieurs fois. Une escadre alliée, concentrée depuis deuxjours à Milo sous le vice-amiral français Le Bris, était prêteà appuyer cette demande. i