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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

Le 24, la Grèce cédait et M. Guillemin présentait aussi-tôt une série de demandes : retrait des troupes grecques deSalonique, entière disposition par les Alliés du chemin de feret des routes conduisant à la frontière, droit détablir uneorganisation défensive autour de Salonique ...

Après une assez longue discussion le roi chargeait, le5 décembre, le lieutenant-colonel Pallis daller à Salo-nique sentendre avec le général Sarrail au sujet de la miseen application de nos demandes.

Lattitude de la Grèce étant ainsi réglée in extremis , laquestion se posait de savoir ce quallait devenir larméealliée dOrient. Et de nouveau les divergences de vue appa-rurent.

En France , nous jugions indispensable le maintien decette armée-bas. Les arguments étaient nombreux : senaller, cétait faire, après celui des Dardanelles , laveu dunéchec plus cuisant que le premier ; cétait amener le-spuissances balkaniques encore neutres à se jeter dans lesbras des Austro-Allemands. Rester, cétait arrêter le« Drang nach Osten », cétait réserver lavenir, nous donnerune base pour des offensives ultérieures, et le seul moyenpratique pour ressusciter larmée serbe.

A Londres , on jugeait que nous navions plus rien à faireà Salonique , et quil fallait en partir sans retard. Les argu-ments en faveur de cette thèse contraire ne manquaientpas : on sattendait à une attaque imminente des Turcscontre lÉgypte ; lord Kitchener évaluait à quinze divisionsles forces nécessaires à larrêter ; faute de pouvoir préleverà temps des troupes en France ou en Angleterre , il jugeaitindispensable de les prendre à Salonique et aux Darda-nelles .

Le 1 er décembre le conseil de défense britannique, sap-puyant sur ces idées, se prononça pour lévacuation. Il ymettait toutefois comme condition que larmée grecqueinterdirait aux Austro-Allemands laccès du territoire hellé-nique. Lord Bertie, ambassadeur de Grande-Bretagne enFrance, fit connaître cette décision le jour même à M. Briand,président du Conseil français. A la demande de ce dernier,