l’expédition de salonique
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l’ambassadeur télégraphia dans la soirée à son gouverne-ment « l’effet de consternation » que sa démarche venaitde produire.
Le 3 décembre, au Conseil des ministres britannique,lord Kitchener exposa de nouveau le point de vue de l’état-major impérial et se prononça pour une évacuation immé-dir: ce. Il menaçait de démissionner plutôt que de prêterla main à une opération qu’il considérait comme devantêtre désastreuse. Pris entre deux avis aussi formels etaussi contraires, sir Edward Grey , ministre des Affairesétrangères, estimant qu’il s’agissait là, surtout, de ques-tions militaires, proposa au gouvernement français deréunir d’urgence une conférence dans laquelle les expertsmilitaires pourraient exposer chacun leur thèse.
La conférence se réunit le lendemain 5 décembre, àCalais . J’y pris part aux côtés de M. Briand. La discus-sion fut confuse. Chacun resta sur ses positions. LesAnglais s’en allèrent en déclarant qu’il fallait d’urgencerembarquer le corps expéditionnaire. Le War Office envoyaaussitôt les ordres d’exécution et le Foreign Office eninforma sir Francis Elliot, ministre de Grande-Bretagne àAthènes . Nous parvînmes à obtenir la suspension de cettedécision : la conférence des états-majors alliés se réunissaità Chantilly et les Alliés allaient pouvoir se mettre d’accordsur ces épineuses questions.
J’ai dit que j’avais, dès le mois de juin 1915, préconiséla réunion permanente à mon quartier général d’officiersgénéraux représentant toutes les armées alliées, ce quim’aurait permis de coordonner en connaissance de causel’action militaire de la coalition. En novembre, je revinsà la charge, et je projetai la réunion à Chantilly d’uneconférence des commandants en chef ou de leurs repré-sentants dûment accrédités. Cette réunion devait avoirpour principal objet de mettre sur pied un plan d’actionconcerté auquel tous les Alliés conformeraient leur lignede conduite.
Mon appel fut entendu, et la conférence se réunit àChantilly les 6, 7 et 8 décembre 1915 On trouvera au