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2 (1932)
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LA GUERRE ET LA POLITIQUE

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inférieurs à leur tâche. Cétait, disait-on les attributionsdu gouvernement sur lesquelles javais empiété, et onréclamait que le ministre reprît son autorité et sesdroits.

Il ne rentre pas dans ma pensée de répondre en détailà ces optiques dordres divers. Ces souvenirs ne sont pasun plaidoyer. Il ne paraîtra pas inutile, cependant, desavoir quelles étaient parvenues jusquà moi, et que jemétais posé à moi-même toutes ces questions bien avantquelles ne vinssent à lesprit de mes censeurs.

Il est vrai quà la fin de 1915, nous navions pas encorerésolu le problème qui sétait posé à nous quand étaitnée la guerre de stabilisation. La solution, je lai dit,nécessitait au préalable la mise en service dun matérielnombreux, puissant et varié. Jai dit aussi les causes etles origines de cette crise de matériel dont nous souffrîmes,et je ny reviendrai pas. Théoriquement, il eût fallu at-tendre que ce matériel immense fût au point avant den-tamer des opérations importantes. Cette thèse était dé-fendue par certains en France , et par un grand nombrede personnes en Angleterre , et non des moindres. A vraidire, elle était plus compréhensible dans la bouche dunAnglais que dans celle dun Français ; la guerre se passaitsur notre sol, non sur le leur ; les ruines étaient nôtreset cela suffisait pour motiver la patience des uns et lim-patience des autres. Un autre point de vue qui échappaitgénéralement, même à ceux qui devaient être bien infor-més, cétait celui que développait périodiquement notreambassadeur en Russie dans ses rapports dont jai citéquelques extraits. Ainsi, tandis que certains (en Angleterre notamment) me faisaient un grief dentreprendre trop tôtdes opérations de grande envergure, dautres (les Russes ,en particulier) trouvaient que nous nen faisions pas assez.Et, en conscience, pouvions-nous ne pas tenir compte desdemandes de nos malheureux alliés? Par surcroît, on avu dans les pages qui précèdent (et les mémoires allemandsen ont plus tard fait laveu), que nos offensives de 1915 nefurent pas inutiles, et quà deux reprises, au mois de mai

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T. II.