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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

en Argonne et au début de lautomne en Champagne ,nous manquâmes de peu de réaliser de grands résultats.Le secret mieux observé de nos préparations, un beautemps persistant, loccasion fugitive mieux exploitée parle commandement local, eussent peut-être suffi à décrocherlennemi de ses tranchées et à le rejeter, Dieu sait?Et peut-être eussions-nous obtenu plus facilement ces avan-tages, si nos alliés neussent été en si grand état dinfério-rité par rapport aux Allemands. Il ne faut, en effet, pasperdre de vue quen cette année 1915, lAngleterre nenétait quau premier stade de son organisation militairequi ne donna son plein effet que lorsquelle eut adopté laconscription, la Russie roulait de défaite en défaite etlItalie entrait à peine dans la guerre.

En ce qui concerne ma correspondance avec les com-mandants en chef alliés, dont on me faisait aussi un grief ,jestimais quil était de lintérêt de notre cause et de mondevoir le plus strict, non seulement de la maintenir, maisencore de la développer. Si je navais pas eu cette lati-tude, comment les alliés déjà si lents à sentendre seraient-ilsarrivés à mettre sur pied lexpédition de Salonique dontjai marqué les difficiles débuts? Comment aurais-je puobtenir les résultats que jacquis à la conférence de Chan-tilly, en décembre 1915,, pour la première fois, futdressé un plan densemble pour les actions jusque iso-lées de notre coalition? Et jai conservé un trop vivacesouvenir des interminables discussions auxquelles prirentpart les hommes de gouvernement et les militaires, lorsdu début de laffaire des Balkans , pour garder la moindreillusion (si jen avais jamais eu) sur lefficacité de ces con-seils de guerre, vingt-cinq ou trente personnes serangeaient autour dune table.

Pour ce qui regarde les commandements à donner ou àretirer, jen ai déjà parlé à plusieurs reprises. Jy reviendraiici seulement pour affirmer que, responsable vis-à-vis dugouvernement, je considérais comme un devoir impérieuxpour moi de pouvoir choisir à mon gré mes collaborateurs.Les désignations que jai faites comme les sanctions que