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2 (1932)
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LA GUERRE ET LA POLITIQUE

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jai prises nont été dictées que par l'intérêt du pays. Jaiarrêté la carrière d'amis qui m'étaient chers; jai élevé deschefs pour lesquels je navais aucune sympathie particu-lière. Jai montré que, lorsquen juillet 1915 je dus releverle général Sarrail de son commandement, je ne my décidaiquaprès mêtre entouré des avis impartiaux du généralDubail. Et précisément, le cas du général Sarrail à qui futconfié en Orient, au lendemain de sa disgrâce sur lefront français, un des commandements les plus délicatsquon pût concevoir, montre à quel point, à larrière, lesconsidérations personnelles et politiques primaient lestitres militaires dans la distribution des commande-ments.

Jen viens maintenant à la question du contrôle par-lementaire.

Personne na jamais douté de ma loyauté vis-à-vis dugouvernement, ni de mon profond attachement à la Ré-publique. Le général Sarrail, lui-même, dont jai cité plushaut les inquiétudes, ne ma jamais accusé de césarisme,mais seulement den préparer au général Foch les voies.Mais cest précisément au nom de mon respect pour lesinstitutions de mon pays et des responsabilités dont javaisassumé la charge avant et pendant la guerre, que je mesuis toujours opposé à une confusion des pouvoirs quine pouvait que nuire à mon autorité dont jétais légiti-mement jaloux, à la discipline, et par conséquent à labonne marche de nos affaires. Et dailleurs, jai bien souvententendu des hommes politiques se lamenter, lorsquilsétaient au pouvoir, sur les empiétements croissants duLégislatif sur lExécutif. Ils sen plaignaient devant moi,toutes portes closes, mais ne se sentaient pas de taille àremettre les choses en place.

La situation des parlementaires en temps de guerrenavait pas été réglée, et je le regrette. Quun député aithésité entre ses devoirs de représentant du peuple et sesobligations militaires, cétait une affaire de conscience,et je respectais ses scrupules. Les uns préféraient resteraux armées dans le poste la mobilisation les avait