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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

trouvés ; dautres sestimaient plus utiles au Palais-Bour-bon ; dautres faisaient la navette entre le Parlement etlarmée, ce qui ne manquait pas de créer des situationsfausses à des hommes qui se trouvaient procéder ainside deux hiérarchies, et qui vivaient momentanément au mi-lieu des combattants sans dépouiller la mentalité dhommespolitiques. En labsence dun texte législatif, je ne pouvaisobliger les membres du Parlement à choisir leur placeà la Chambre ou aux armées, et à sy tenir. Je ne pouvaispas davantage empêcher un député ou un sénateur decirculer à titre privé dans la zone des armées, dy recueillirdes doléances de militaires aigris ou ambitieux , habilesou mal informés. Tout au plus pouvais-je exiger que cesparlementaires se soumissent dans la zone des arméesaux règles de contrôle imposées a tous les citoyens, etjy tins la main. Il nen restait pas moins que les proposainsi recueillis et rapportés à lintérieur avec plus ou moinsd'exactitude , se traduisaient souvent en articles de pressequune censure généralement maladroite laissait passer,ce qui mobligeait à de fréquentes protestations auprèsdu ministère de la Guerre, sans compter les regrettablesindiscrétions qui se produisaient constamment et dontsouffrait le secret de nos opérations.

Au bout dun certain temps, la majorité des parlemen-taires mobilisés regagna la Chambre. A partir de ce momentun certain état desprit sy fit jour, tendant à établir surles opérations le « contrôle parlementaire ».

Je laisse aux juristes de l'avenir le soin de discuter lebien fondé de cette prétention. Tout ce que je peux direcest quil me parut toujours inadmissible et que je myopposai de toutes mes forces.

Je ne saurais mieux faire que de reproduire ici unelettre personnelle que jadressai, le 26 juin 1915, au ministrede la Guerre, et qui résume exactement mon point devue. Je nai rien à y ajouter, nia y retrancher aujourdhui.Et je suis convaincu que, si le gouvernement sétait rangéouvertement à mon opinion quil partageait en son forintérieur , il se serait évité à lui-même bien des déboires