LA GUERRE ET LA POLITIQUE
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et il aurait évité bien des difficultés au commandementdont la tâche était déjà si lourde.
Le général commandant en chef les armées du Nord-Est,à Monsieur le ministre de la Guerre.
Personnelle.
Dans le discours qu’il a prononcé hier à la tribune de laChambre, M. le président du Conseil a reconnu que « les néces-sités de l’action militaire » imposaient à l’exercice du contrôleparlementaire et à la circulation des membres du Parlementdans la zone des armées, « des restrictions inévitables ».
En vue d’éviter tout malentendu dans l’application, j’ail’honneur de vous faire connaître ci-après quelles doivent être,à mon avis, ces restrictions.
Il est évident que les membres du Parlement peuvent cir-culer à titre privé dans la zone des armées en se soumettantaux règles imposées à tous les citoyens.
Par contre, il ne peut y avoir aux armées de contrôle parle-mentaire, car, dans la pratique, l’exercice de ce contrôle ris-querait d’atteindre gravement la discipline morale de l’armée,la confiance dans le commandement, dont dépendent la vic-toire et le salut du pays.
Je vous ai déjà rendu compte de l’attitude de certainshommes politiques et des propos tenus par eux sur le front,qui démontrent surabondamment la réalité du danger quej’indique.
En guerre, les autorités et les responsabilités ne peuventpas être partagées. Chaque chef militaire contrôle les actesde ses inférieurs, et est lui-même responsable de ses actesdevant ses chefs hiérarchiques. Le général en chef est respon-sable devant le gouvernement qui peut le relever s’il n’approuvepas ses actes.
Il ne peut y avoir d’autre contrôle pendant l’action.
J. J OFFRE.
M. Millerand partageait, je le sais, cette opinion etil mettait d’accord ses idées et ses actes avec une loyalefermeté, mais la lutte continuelle qu’il avait à soutenircontre les intrigues qui le visaient personnellement, ou