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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
Il s’agissait maintenant de régler les attributions duministre de la Guerre et les miennes.
J’ai dit que l’imbroglio dans lequel l’Entente se débat-tait à ce moment à l’occasion de l’affaire des Balkans , mon-trait l’urgence d’arriver chez nous à une solution. J’ai ditaussi que M. Briand, d’accord avec M. Poincaré, étaitdécidé à étendre mon autorité sur tous les théâtres oùdes Français se battaient. Mais, à la Chambre, le prési-dent du Conseil rencontrait des résistances. Les amis dugénéral Gallieni soutenaient que c’était à lui d’assumer ladirection générale des opérations, en sorte que la barquegouvernementale louvoyait prudemment , au lieu d’entrertoutes voiles dehors, dans le port.
Un incident fortuit se produisit à ce moment qui memontra que, si on ne réglait pas à bref délai cette question,nous risquions de voir la confusion s’aggraver.
Le général Alexeieff , chef d’état-major du tsar, m’avaitenvoyé un projet de plan d’opérations qui m’était par-venu par l’intermédiaire du ministre des Affaires étran-gères (1).
Le 24 novembre, je reçus une convocation pour assisterà une séance du Conseil supérieur de la Défense nationalequi devait avoir lieu le lendemain. Au programme de cetteséance, on avait porté la discussion de ce projet d’opéra-tions.
Au jour dit, je me rendis à Paris . Dès que la séancefut ouverte, je fis remarquer que cette question, d’ordre
Madagascar quand nous avons construit ensemble le camp retranchéde Diégo-Suarez .
« Mon concours le plus énergique vous est acquis, à vous ainsiqu’à vos héroïques soldats.
« Sentiments affectueux.
« Gallieni. »
(Dossier strictement personnel du général commandant en chef,t. II, cahier 3, pièce 32.)
(1) Ce plan m’était arrivé à Paris sous la forme d’un télégrammedu général de Laguiche, notre attaché militaire en Russie . Dans cetélégramme, le général demandait, au nom du général Alexeief, monavis sur un plan d’opérations des armées alliées dans les Balkans .