LA COINFÉRENCE DE CHANTILLY
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de l’impossibilité où nous étions de transporter, de ravi-tailler et faire manœuvrer dans les Balkans vingt corpsd’armée franco-anglo-italiens, soit 800 000 hommes, effec-tif reconnu nécessaire pour réaliser une supériorité nu-mérique suffisante pour une manœuvre d’aussi grandeenvergure.
Les hauts commandements britannique et italien arri-vèrent aux mêmes conclusions, et le projet Alexeieff futécarté d’un commun accord : il n’en fut pas même questionau cours de la conférence de Chantilly (1).
C’est à mon quartier général, les 6, 7 et 8 décembre,pendant trois séances consécutives que se réunirent lesreprésentants des armées alliées. Le maréchal French, lelieutenant général Murray, chef de l’état-major généralbritannique, le général Gilinsky, chef de la mission mili-taire russe au grand quartier général français, le géné-ral Porro, sous-chef d’état-major général de l’armée ita-lienne, le général Wielmans, chef d’état-major général del’armée belge, et le colonel Stéphanovitch, attaché militairede Serbie , étaient présents. Dans ces trois séances, tousles problèmes soulevés furent complètement étudiés : lesgrandes lignes de mon projet furent adoptées à l’unanimité,seul le principe du maintien de nos forces à Salonique futcombattu par les représentants britanniques ; toutefoisl’unanimité des conférents se retrouva pour affirmer lanécessité de s’établir défensivement à Salonique et d’entre-
(1) Après la conférence de Chantilly, le 23 décembre, je reçus parl’intermédiaire du général Pau , chef de notre mission militaireauprès du grand quartier général russe , une réponse à mes obje.c-tions concernant le projet du général Alexeieff : je ne pus que ré-pondre que l’opération n’entrait pas dans le cadre des décisionsarrêtées par les conférents de Chantilly, qu’elle était inexécutablepour des raisons de transport, de terrain et de ravitaillement, qu’ausurplus elle ne paraissait pas opportune, les forces ennemies pouvantêtre plus rapidement concentrées que les nôtres sur ce théâtred’opérations excentriques. Le haut commandement russe n’insistapas davantage et se contenta de conduire pendant l’hiver dans larégion de Cernowitz, Tarnopol , une offensive locale, qui fut trèsgênée par les mauvaises conditions climatériques-