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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

vue détendre le front dattaque prévu pour le groupedarmées du Nord entre la Somme et Lassigny (1), etde me faire connaître son avis sur ce quon pouvait at-tendre dune opération de cette nature. Ce nest que le14 février 1916 que lentente se réalisa définitivemententre le général Haig et moi sur le principe dune attaquejointive avec notre attaque à cheval sur la Somme quiaurait lieu vers la fin de juin, ou dès le mois davril sila Russie était menacée par une offensive puissante.

En effet, les pourparlers furent assez longs, car létat-major britannique avait étudié et donné ses préférencesà un grand projet doffensive en direction dOstende avecle concours de la marine, des forces belges et françaises,auquel il attachait une très grande importance. Mais, trèsloyalement, le général Haig sefforça dentrer dans mesvues, et lentente, si elle fut lente, fut absolue. Dailleursil était très clair que larmée britannique était loyalementdisposée à faire tous les sacrifices, mais comme lavouaitun jour une haute personnalité militaire à lun de nosofficiers : « Elle avait à compter avec les politiciens anglais qui, après les Allemands, étaient ses pires ennemis (2). »Le gouvernement anglais voyait avec regret lespèce desubordination des projets de Haig à ceux du commande-ment français : il redoutait dêtre entraîné à des sacri-fices en hommes difficiles à faire accepter à lopinion et,de ce fait, son ingérence dans les opérations semblaitcertaine et limitative de leffort que les armées britan-niques fourniraient en 1916.

Depuis longtemps dailleurs le War Office avait laissépercer son sentiment sur la façon de comprendre le déve-loppement ultérieur de la guerre, diamétralement opposéà celle qui avait prévalu à la conférence de Chantilly :il cherchait à observer une attitude défensive en France et à porter son effort vers lOrient et les colonies. Dail-leurs le chiffre des engagements volontaires diminuait,

(1) Lettre du 26 décembre au général Haig.

(2) Voir p. 231.