DIFFICULTÉS RENCONTRÉES PAR HAIG 173
et certains membres du Cabinet anglais , plutôt que d’en-visager le service obligatoire, envisageaient la réductiondu programme Kitchener à cinquante divisions au lieude soixante-dix (1).
Je savais toutes ces difficultés que rencontrait le com-mandant en chef britannique. Je m’appliquai, tout ensignalant au gouvernement français les obstacles querencontrait le général Haig, à essayer d’agir sur le gouver-nement de Londres : si ses vues avaient prévalu, la réper-cussion sur les offensives prévues eût été fort grave. L’in-tervention de notre gouvernement, jointe à l’action desgrands chefs anglais , fut efficace. En effet, aussitôt aprèsque la menace contre l’Ëgypte se fut dissipée, le transporten France des divisions désormais inutiles sur le canalde Suez fut entamé, et les divisions maintenues en Angle-terre progressivement amenées sur le continent ; au débutde mars 1916, l’armée britannique en France comptaitquarante-deux divisions d’infanterie au lieu de trente-quatre qu’elle comptait deux mois plus tôt ; en outre, enmai 1916, en dépit d’une tradition historique séculaire, leservice militaire obligatoire était adopté en remplacementdu système Derby qui reposait sur les engagements volon-taires. Parmi les bons ouvriers de cette œuvre, je doisciter tout particulièrement le général Robertson qui avaitété nommé chef d’état-major impérial en décembre 1915,avec lequel je me trouvais complètement d’accord; nousavions ressenti le besoin de resserrer nos liens et nousavions une double liaison assurée à Londres et à mongrand quartier général par deux officiers de haute valeur ,le lieutenant-colonel Clive à Chantilly et le commandantde Bertier de Sauvigny à Londres . J’aurai l’occasion dereparler de ce dernier au sujet des questions d’Orient,mais je tiens à souligner ici combien il a heureusementcontribué à maintenir l’effort britannique orienté dansun sens juste.
Ainsi donc, au moment où la bataille de Verdun allait
(1) Kitchener et la guerre, chap. xli, p. 283. Édition Payot.
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