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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
commencer, le plan général de l’offensive combinée franco -anglaise était réalisé : le général Foch était prévenu queson projet d’attaque, avec quarante divisions et douzecents pièces lourdes sur un front de 50 kilomètres entrela Somme et Lassigny , était adopté; les travaux de pré-paration devaient être conduits de façon que l’attaquepuisse être exécutée dès le mois d’avril si la Russie étaitmenacée gravement, sinon au 1 er juillet.
Des trois armées françaises qui devaient prendre partà cette offensive, la 2 e armée, celle du général Pétain, était en réserve derrière la 6 e qui tenait précisément lefront entre Somme et Oise ; la 10 e armée devait être re-levée progressivement par les Anglais dans la région d’Ar-ras de manière à pouvoir être employée au sud de laSomme; les corps d’armée destinés à l’attaque étaientdéjà presque tous en réserve et avaient fait un séjourdans un camp d’instruction.
Les stocks de munitions, très réduits après les bataillesde septembre, étaient en voie de reconstitution.
l’entente avec les russes
En même temps que je poursuivais l’entente avec lesAnglais au sujet de la réalisation des décisions de la con-férence de Chantilly, je m’efforçais d’obtenir le mêmerésultat avec le haut commandement russe.
Je dois dire que, de ce côté également, les difficultésne manquèrent pas. La pénurie de matériel de toute sortedans laquelle se trouvait l’armée russe et en particulierle manque de fusils, la difficulté de leur en faire parvenirempêchaient nos alliés d’utiliser leurs immenses ressourcesen hommes : c’était là un sujet de grosses inquiétudes.La conférence avait conclu à la nécessité pour la coalitiond’aider la Russie dans la plus large mesure. Malheureu-sement, dans ces efforts, les Alliés n’étaient guère aidéspar les représentants russes en Frapce, qui cherchaientà dissimuler la vérité. Un incident de la conférence mon-