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2 (1932)
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LA COALITION EN OUI EST

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Il fut entendu entre les gouvernements britannique etfrançais quune conférence aurait lieu le 4 décembre àCalais , à laquelle assisteraient les premières personnalitéspolitiques et militaires des deux pays.

Cest ainsi que le 4 décembre au matin, je partais avecle général Pellé pour Calais je retrouvai M. Briand,le général Gallieni, ministre de la Guerre, lamiral Lacaze,ministre de la Marine, le général Graziani, chef détat-major de larmée, lamiral de Jonquière, chef détat-majorde la marine, M. de Margerie, directeur des affaires poli-tiques et commerciales au ministère des Affaires étran-gères. Du côté anglais, M. Asquith , premier ministre,M. Balfour secrétaire dÊtat au War Office, le généralsir Arcliibald Murray, chef détat-major de larmée bri-tannique, et M. Clark, du Foreign Office, étaient présents.

La séance fut longue ; ouverte à 2 h. 30 elle ne prenaitfin quà 6 heures : successivement, lord Kitchener etM. Briand exposèrent leurs points de vue. Kitchener sou-tint que, du moment que les Serbes étaient hors détat decontinuer la lutte, les troupes alliées devaient être retiréesde ces régions menacées par lavance austro-allemande etbulgare, pour être utilisées ailleurs de façon plus profitable.

M. Briand mit à faire prévaloir le point de vue françaisune chaleur extrême : il représenta que nous étions allésdans les Balkans pour secourir les Serbes, sans doute,mais aussi pour empêcher les Allemands dy devenir lesmaîtres, pour contenir la Grèce et la Boumanie ; que dail-leurs 110 000 Serbes au moins pourraient être recueilliset reconstitués ; que, du point de vue moral, leffet dunabandon serait désastreux. Dailleurs, sur les instancesdes deux cabinets, la Russie avait finalement concentrédans les régions russes les plus rapprochées des Balkans environ 400 000 hommes et lItalie acceptait dinterve-nir en Albanie ; vis-à-vis de la Serbie , on pouvait craindreque labandon des Alliés ne permette aux hommes poli-tiques du parti libéral serbe, pour lesquels lentente aveclAutriche-Hongrie était un dogme, de relever la tête etde traiter avec ladversaire.