LA COALITION EN OUI EST
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Il fut entendu entre les gouvernements britannique etfrançais qu’une conférence aurait lieu le 4 décembre àCalais , à laquelle assisteraient les premières personnalitéspolitiques et militaires des deux pays.
C’est ainsi que le 4 décembre au matin, je partais avecle général Pellé pour Calais où je retrouvai M. Briand,le général Gallieni, ministre de la Guerre, l’amiral Lacaze,ministre de la Marine, le général Graziani, chef d’état-major de l’armée, l’amiral de Jonquière, chef d’état-majorde la marine, M. de Margerie, directeur des affaires poli-tiques et commerciales au ministère des Affaires étran-gères. Du côté anglais, M. Asquith , premier ministre,M. Balfour secrétaire d’Êtat au War Office, le généralsir Arcliibald Murray, chef d’état-major de l’armée bri-tannique, et M. Clark, du Foreign Office, étaient présents.
La séance fut longue ; ouverte à 2 h. 30 elle ne prenaitfin qu’à 6 heures : successivement, lord Kitchener etM. Briand exposèrent leurs points de vue. Kitchener sou-tint que, du moment que les Serbes étaient hors d’état decontinuer la lutte, les troupes alliées devaient être retiréesde ces régions menacées par l’avance austro-allemande etbulgare, pour être utilisées ailleurs de façon plus profitable.
M. Briand mit à faire prévaloir le point de vue françaisune chaleur extrême : il représenta que nous étions allésdans les Balkans pour secourir les Serbes, sans doute,mais aussi pour empêcher les Allemands d’y devenir lesmaîtres, pour contenir la Grèce et la Boumanie ; que d’ail-leurs 110 000 Serbes au moins pourraient être recueilliset reconstitués ; que, du point de vue moral, l’effet d’unabandon serait désastreux. D’ailleurs, sur les instancesdes deux cabinets, la Russie avait finalement concentrédans les régions russes les plus rapprochées des Balkans environ 400 000 hommes et l’Italie acceptait d’interve-nir en Albanie ; vis-à-vis de la Serbie , on pouvait craindreque l’abandon des Alliés ne permette aux hommes poli-tiques du parti libéral serbe, pour lesquels l’entente avecl’Autriche-Hongrie était un dogme, de relever la tête etde traiter avec l’adversaire.