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avait échoué dans son entreprise pour sauver l’armée serbe ,elle conservait en un point particulièrement favorable etsur des positions avantageuses qui allaient s’améliorerconstamment, une armée intacte qui allait constituer unpoint d’appui de premier ordre pour notre action ulté-rieure dans les Balkans .
Cependant, un double écueil était à éviter : il fallait,d’une part, que l’armée d’Orient constituât un élémentde forces suffisamment menaçant pour gêner les projetsde nos adversaires et inspirer confiance aux neutres hési-tants ; mais, d’autre part, il fallait éviter de distraire,au bénéfice d’un théâtre lointain et secondaire, des forcesqui devaient être mieux employées là où la décision devaitêtre recherchée. Ainsi donc, il fallait une armée suffisam-ment nombreuse, bien organisée, bien commandée et pour-vue d’un puissant matériel, et par suite demeurer, quantà notre action en Orient, dans le cadre tracé par la confé-rence de Chantilly.
C’est d’après ces principes que je décidai de donnersatisfaction à toutes les demandes de matériel formuléespar Sarrail, en particulier en artillerie lourde ; c’est éga-lement dans cet esprit que je m’appliquai à poursuivreauprès du gouvernement britannique l’adoption de l’unitéde commandement à Salonique . A ce sujet le gouverne-ment britannique demanda la subordination des géné-raux Sarrail et Mahon à un général français spécialementdésigné (1).
(1) Le lundi 27 décembre, le cabinet anglais avait délibéré sur laquestion du commandement unique des forces alliées à Salonique .Il avait été décidé que la réponse du gouvernement anglais seraitadressée le 28 au gouvernement français par l’ambassadeur anglais à Paris .
« D’après ce que m’a dit lord Kitchener. le cabinet accepte queles troupes anglaises, bien qu’étant les plus nombreuses, soient pla-cées sous les ordres d’un général français ; mais il estime que legénéral Mahon a été pendant assez longtemps indépendant du généralSarrail, il est préférable de ne pas le placer sous les ordres de cetofficier général Cette subordination pourrait être considérée commeune critique de la manière dont les opérations ont été conduites