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Ce fut seulement vers le 10 janvier 1916 que nous par-vinrent les premiers indices sur la possibilité d’une attaqueennemie dans la région de Verdun : en effet, nous apprenionspar notre ministre en Danemark qu’on parlait d’une pro-chaine offensive allemande au nord-est de Verdun ; cerenseignement était aussitôt confirmé par un autre venantde Suisse et signalant une concentration de 400 000 hommesdans la région de Verdun . Au milieu des bruits que nousrecevions indiquant successivement toutes les parties dufront comme menacées d’une attaque, ces deux rensei-gnements concordants retinrent notre attention, malgréle peu d’intérêt que Verdun semblait avoir pour les Alle-mands, et en dépit de la saison peu propice à une offensivedans cette région.
En même temps, nous apprenions que des transportset des débarquements importants de troupes et de matérielvenant de Belgique et de Lorraine, avaient lieu vers Se-dan, Carignan, Montmédy, Longuyon et Audun-le-Roman .Notre attention étant ainsi attirée vers la région de Verdun ,l’étude des travaux ennemis y révéla immédiatement quele nombre de voies ferrées de campagne avait augmentéentre Béthincourt et la ligne Spincourt-Conflans . Les décla-rations de prisonniers, s’ajoutant à d’autres indices telsque : déplacements d’états-majors, destruction systéma-tique des clochers dans la région, travaux dans les boisde Spincourt, de Consenvoye, venaient confirmer ces in-dications.
D’autre part, les calculs du 2 e bureau du grand quartiergénéral arrivaient à cette conclusion que dix-sept divi-sions allemandes étaient devenues disponibles.
Sans doute, des renseignements provenant de sourcessérieuses continuaient de donner comme théâtres possiblesd’attaque ennemie, la vallée de l’Oise, Reims ou la Cham-pagne et Nancy. Mais ces bruits ne pouvaient plus détour-ner notre attention de la région de Verdun. Aussi, dès leretour de Salonique du général de Castelnau, je l’envoyaià Verdun se rendre compte de la situation de cette régionfortifiée et, en particulier, je lui prescrivis d’en visiter