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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
le front nord qui semblait plus particulièrement menacé.
A son retour, il me rendit compte que, dans son ensemble,les organisations répondaient entièrement aux directivesdonnées et que, eu égard aux moyens dont disposait larégion fortifiée de Verdun, les travaux réalisés étaientsatisfaisants. Il avait indiqué toutefois sur place un certainnombre d’amélioration à apporter à nos lignes de défense :construction d’abris, de places d’armes pour les réserves,de réduits, répartition des troupes, etc...
Pour hâter ces travaux défensifs, deux divisions furentimmédiatement mises à la disposition du général Herr,commandant la région fortifiée de Verdun, avec ordrede les appliquer à ces tâches de renforcement.
C’est, d’ailleurs, à cette époque que je fis passer larégion fortifiée de Verdun du groupe d’armées de l’Està celui du Centre : en effet, la défense de Verdun sur larive gauche de la Meuse devait logiquement s’étendrejusqu’à l’Argonne ; d’autre part, pour des raisons de com-munications, il y avait tout intérêt à placer la région for-tifiée de Verdun sous les ordres du groupe d’armées duCentre.
Jusqu’ici, nous ne possédions que des indices d’attaque.La première alarme fut donnée par des déserteurs qui,les 6 et 7 février, signalèrent des concentrations de troupesimportantes sur la rive gauche de la Meuse et dans larégion de Damvillers . On ne pouvait encore se faire uneidée de la zone où elles seraient employées. En particu-lier, nous ne pouvions encore préciser si l’attaque ennemiese déclancherait sur les deux rives de la Meuse . Puis,un renseignement provenant d’un agent excellent noussignala que les Allemands allaient tenter une grande offen-sive dans la région de Verdun avec attaques sumultanéessur Reims et en direction d’Amiens, et que le Kronprinz dirigerait les opérations.
Le 14 février, nous avions entre les mains l’ordre duKronprinz qui devait être lu aux troupes avant le débutde l’offensive.