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l’attaque principale allemande, que le résultat stratégiqueque les Allemands pourraient en espérer m’échappait to-talement. Ces renseignements de sources très variées ontcontinué de nous parvenir longtemps encore après le com-mencement de la bataille de Verdun , et j’ai toujours étéconvaincu que l’échec de l’attaque brusquée et la tour-nure prise par la bataille ont seuls empêché d’autresoffensives de se produire. Par un singulier phénomèned’attraction, qui prouve évidemment la faiblesse du com-mandement suprême allemand , son entêtement et un vainsentiment de gloriole, Verdun a absorbé toutes les dis-ponibilités allemandes. Du point de vue stratégique, encoreune fois, Verdun, vu du côté allemand , ne se justifie pas.
Le 21 février à 10 heures, j’apprenais à Chantilly quel’attaque avait commencé par un violent bombardementsur le front nord et nord-est de Verdun . Le tir était di-rigé simultanément sur nos premières et deuxièmes posi-tions depuis la Meuse jusqu’à la route d’Ëtain.
En fin de journée, on annonçait que l’infanterie alle-mande avait pris pied dans quelques tranchées avancéesdu Bois des Caures et de l’Herbebois.
Le lendemain, j’apprenais successivement la prise d’Hau-mont et du bois des Caures : les comptes rendus faisaientressortir que la bataille était extrêmement dure, maisinsistaient sur l’excellente tenue des troupes.
Le 23, à 10 heures du matin, je recevais la nouvelleque Brabant avait été évacué le 22 au soir. Dans la mêmejournée, nous perdions la plus grande partie du bois desCaures et le bois de Wavrille, et le soir, nous tenionsencore, mais d’une façon précaire, la lisière nord de Samo-gneux, la croupe sud-est de Haumont, la lisière sud dubois des Caures, Beaumont et Ornes.
Devant la violence de l’attaque, il était évident, de-puis les premières heures, qu’il serait nécessaire de faire