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mission, me laisser espérer que Verdun était pour le momentsauvé.
Ce premier résultat acquis, il semblait que le meilleurmoyen d’enrayer les efforts ultérieurs de l’ennemi seraitde lui reprendre le terrain qu’il avait conquis. Nous avionsdes munitions, les positions flanquantes de la rive gauchepermettaient de prendre l’adversaire sous les feux con-vergents : il n’y fallait point manquer.-C’est précisément latâche que je proposai au général Pétain dès sa prise de com-mandement, et que je lui exposai de vive voix, le 1 er etle 5 mars, au cours de mes visites à Souilly : la principalede ces actions offensives devait être la reprise du fort deDouaumont.
Le 6 mars, un nouvel effort allemand eut lieu sur leMort-Homme et le bois des Corbeaux ; et le 8, la batailleétait générale et ardente depuis la côte du Poivre jusqu’auxabords du fort de Vaux; le 22 mars, les attaques recom-mençaient, précisément pendant que j’accompagnais àVerdun le président de la République, le prince régentde Serbie et le général Cadorna.
Ces attaques amenèrent le commandant de la 2 e arméeà m’adresser d’incessantes demandes de renforts auxquellesje faisais droit.
Petit à petit, vers la fin de mars, grâce à l’afflux ininter-rompu des réserves, la 2 e armée en était arrivée à disposerde forces plus nombreuses que celles qui lui étaient opposées.Le moment semblait venu d’exploiter cet avantage ; ilfallait, à tout prix, que nous prenions l’initiative. C’était,à mon sens, la manière la plus efficace d’interdire à l’ennemitoute nouvelle progression.
Cependant à chacune des fréquentes visites que jefaisais à Souilly, j’avais l’impression que le chef de la 2 e ar-mée n’était pas assez pénétré de cette nécessité. Au contactde cette rude bataille, sous la menace incessante de nou-velles attaques, il avait une tendance trop marquée etsans doute fonction de son tempérament à n’envisager ladéfensive que comme la seule attitude à observer. A chaquenouvelle menace d’attaque, il m’adressait de nouvelles