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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOE F RE

demandes de troupes fraîches sans jamais faire allusionà des projets de contre-offensive, et il mannonçait, àlavance, quil serait certainement obligé de demanderlenvoi de nouvelles forces. Si bien quà la fin de mars, ilne me restait plus quun seul corps frais disponible, le 9 e .Cet état desprit du général Pétain amena entre nous, versle début davril, un certain désaccord. Il était parfaitementau courant de la situation générale, des indices dattaquesouvent relevés soit contre Reims, soit en Champagne ,soit dans la vallée de lOise ; par-dessus tout, il connaissaitnos projets doffensive conjuguée avec les Anglais qui mepermettraient descompter le prochain dégagement deVerdun ; sans doute, les Allemands, depuis le 21 fé-vrier, nous paraissaient avoir engagé sur Verdun près de400 000 hommes et nous estimions à 200 000 hommes lechiffre de leurs pertes. Mais, on ne pouvait oublier que trente-neuf de nos divisions avaient successivement été engagéesdans la bataille. Leffort était comparable. Je ne cessaisde rappeler au général Pétain la nécessité de réagir, luireprésentant que, si nous ne reprenions jamais le terrainperdu, petit à petit, nous serions acculés à une situationdangereuse ; tout particulièrement, en face de la progres-sion continue de lennemi au sud du ruisseau de Forges,jinsistai sur lurgence dun rétablissement en avant àlaide dune vigoureuse et puissante offensive afin déviterla perte de Béthincourt.

Cependant, mon insistance commençait à porter sesfruits : parmi les lieutenants de Pétain , lun deux, le généralNivelle, commandant du 3 e corps darmée, avait entreprisdepuis le 3 avril dans la région de Douaumont une sériedactions couronnées de succès. Le 10 avril, jinspectai lesecteur et, très satisfait des résultats obtenus, je demandaià Pétain de mettre le général Nivelle à même de poursuivreses avantages de part et dautre de Douaumont.

Mais les exigences de Pétain se faisaient de plus en pluspressantes, il se plaignait de la qualité et de la quantité desréserves mises à sa disposition ; il demandait, en particulier,que les corps qui lui seraient envoyés, soient choisis parmi