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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

armée les plus grands progrès tactiques de toute la guerre ;en particulier, la liaison de laviation et de lartillerie quifut si féconde. Verdun a été, sous lintelligente directiondu général Pétain , la plus rude mais aussi la meilleureécole de perfectionnement pour larmée française.

Par contre, les très grandes qualités de ce grand chefétaient contre-balancées par un état desprit qui lui faisaitdonner aux événements de Verdun une importance exa-gérée. Si javais cédé à ses demandes, larmée françaisetout entière aurait été absorbée par la bataille ; et nousaurions renoncer à tout espoir de participer à loffensivedécidée à Chantilly en décembre ; ceût été accepter lavolonté de lennemi; je persistais, au contraire, à envisa-ger un retournement de la situation en réservant pourlaction de la Somme la plus grande masse possible denos disponibilités.

Ceci explique que vers le début davril, je cherchaile moyen déloigner le général Pétain du champ de ba-taille de Verdun, espérant quen lui donnant plus de reculet un front plus vaste à diriger, il se rendrait mieux comptede la situation générale.

Précisément, le poste de commandant du groupe dar-mées du Centre était devenu vacant par suite du départdu général de Langle. Il y avait une occasion tout à lafois de souligner par cette élévation le mérite du généralPétain et en même temps de réaliser cet éloignementqui me paraissait nécessaire.

Je lavertis quil aurait à prendre le commandementdu groupe darmées du Centre, et lui envoyai Castelnaupour lui demander de fixer lui-même sa date de prise decommandement. De mauvaise humeur, il lui répondit quilserait tous les jours à Souilly. En effet, cest le 2 mai quilprit le commandement du groupe darmées du Centre, et,le 3 juillet, jallai le voir à Bar-le-Duc était son quartiergénéral, et lemmenai visiter les postes de commande-ment de la 2 e armée. Au cours de cette tournée, son pes-simisme me frappa, et cet état desprit me fut confirmépeu après. Je lavais invité à madresser périodiquement