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par écrit ses réflexions sur les événements et ses projets.Le 7 mai, il m’envoyait une longue et intéressante lettredans laquelle il me communiquait son point de vue surla situation générale. Après avoir constaté que, grâce auxnouvelles méthodes allemandes qui consistaient à pronon-cer leurs attaques avec peu d’infanterie et beaucoup d’ar-tillerie, nous nous usions lentement mais sûrement, ilposait le principe que nous finirions par avoir le dessoussi les alliés n’intervenaient pas. Il prétendait que la partde la France , dans l’effort commun de 1916, devait se bornerexclusivement à sa résistance devant Verdun et qu’il nepouvait être question de lui demander davantage. Il neconvenait donc pas de marchander à la 2° armée les forcesqui lui étaient nécessaires. Par contre, la meilleure ma-nière de soulager Verdun lui paraissait être l’interventionanglaise, déclanchée dans le plus bref délai et dans uneforme qui exclurait toute action brutale et violente com-parable aux assauts de Champagne et d’Artois de 1915.Il envisageait, au contraire, l’organisation d’un systèmed’attaques susceptible de durer très longtemps : parexemple, la formation de trois ou quatre groupements surdes points d’attaque à choisir, et dans chacun de ces grou-pements, une disposition des unités en profondeur per-mettant d’avoir toujours l’équipe de tête prête à atta-quer : « Mieux vaut maintenir les Allemands, m’écrivait-il,' en face d’une menace d’irruption plutôt que de les mettreen présence d’un volcan éteint. »
J’étais évidemment d’accord avec le général Pétain surla nécessité de dégager Verdun par une attaque dirigéesur une autre partie du front ; c’était précisément le butque je poursuivais d’autre part, en exécution des déci-sions de la conférence de Chantilly.
J’étais également d’accord avec lui sur la forme àdonner à l’offensive qui ne devait pas être un simple feude paille ; il était évident qu’une action violente maiscourte serait impuissante à empêcher les Allemands derenouveler leurs attaques contre Verdun . D’ailleurs, laquestion dépassait Verdun , qui n’était au fond qu’un