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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

incident de la lutte générale ; le but que nous poursui-vions, cétait la victoire ; et, puisque les Allemands avaiententrepris une lutte dusure, il fallait de notre côté la con-duire avec économie afin de retourner la situation enfaisant que, dattaqués, nous puissions reprendre figuredassaillants ; alors, nous pourrions poursuivre la fusiondes réserves ennemies et amener le front adverse à nêtreplus quune trame fragile susceptible, si nous savions mé-nager nos réserves, de seffondrer sous les coups con-jugués de tous les Alliés et de laisser passer nos bataillonsvictorieux. A ce jeu, il est certain que nous nous userions ;mais lennemi suserait aussi, et toute la question étaitde mener nos affaires avec sagesse pour pouvoir durerplus que lui. A la guerre ce sont les derniers bataillonsqui emportent la victoire.

Telle était la manière dont je croyais fermement, de-puis le début de Verdun , que devaient être conduites lesaffaires de la coalition, et particulièrement celles de laFrance , afin dassurer lissue heureuse de la guerre. Mais,cest précisément pour cela que je ne pouvais être enaccord complet avec le général Pétain .

En effet, pour pouvoir mener durablement cette luttedestinée à dégager Verdun , il fallait demander aux unitésenvoyées à la 2 e armée de semployer jusquà lextrêmelimite de leurs forces, ne consacrer à cette bataille défen-sive que le minimum, afin de conserver le plus grandnombre possible dunités fraîches en vue de lattaque dela Somme.

Il nétait pas vrai que Verdun pût suffire comme effortdemandé à larmée française : tout dabord, si tel étaitle résultat de loffensive allemande de nous empêcherde prendre part à laction générale concertée, ne serait-cepas manifestement un grand succès pour lennemi quedavoir éliminé de cette lutte son premier et principaladversaire? Du point de vue moral, pour bien marquerléchec de la tentative allemande contre Verdun, il étaitessentiel que nous soyons fidèles au rendez-vous que lesAlliés sétaient donné en décembre 1915.