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2 (1932)
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LA BATAILLE DE VERDUN

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Il fallait pour quelle soit efficace, que cette offensivesoit aussi forte que possible : notre devoir était dajouteraux bataillons que les Britanniques y consacraient, leplus dunités que nous pourrions. Enfin, nous pouvionsespérer de cette offensive la victoire définitive sous formede percée, et, pour cet acte suprême de la guerre, il im-portait à tous points de vue que larmée française fûtreprésentée.

Par surcroît, le commandant du groupe darmées duCentre demandait que loffensive alliée soit déclenchée leplus tôt possible. Ici encore, désaccord entre lui et moi.Le plan daction avait été concerté entre les Alliés et basésur la concomittance des attaques sur tous les fronts. Or,pour des raisons déjà dites, celles-ci ne pourraient avoirlieu que vers la fin de juin ; demander aux Anglais dedevancer cette date détruirait tout leffet escompté, feraitretomber la coalition dans limpuissance de 1915 et ris-querait, en outre, de ne donner à loffensive envisagéeni lampleur, ni le degré de préparation suffisante.

Toutes ces considérations mempêchaient dentrer dansles vues de Pétain ; nous partions de deux points de vuedifférents ; lui voulait que toutes les forces françaisesfussent consacrées à Verdun ; au contraire, je tenais à neconsacrer à cette bataille dusure de laquelle je ne pouvaisespérer aucun résultat stratégique, que le strict minimum.

Les bruits les plus singuliers couraient dans les sphèresgouvernementales et lopinion publique sur la situationet les relations entre généraux . Ces bruits prirent une telleconsistance que le général Roques se rendit, le 12 mai, àVerdun pour voir Pétain ; il en revint pleinement rassuré,et mécrivait le 14 quil avait donné, le matin même,au Conseil, les déclarations les plus rassurantes et quilles répéterait le soir même à la Commission de larmée dela Chambre.

Jéprouvai cependant le désir de donner aux comman-dants de groupe darmées loccasion de me faire connaîtreleur avis. Le 17 mai, je les réunis à Châlons pour lesmettre au courant de la situation générale.